"L’Amour et les forêts" : Virginie Efira sous l’emprise de Melvil Poupaud dans l'excellent film de Valérie Donzelli
Avec “L’Amour et les forêts”, la cinéaste française Valérie Donzelli signe une adaptation du roman d’Éric Reinhardt. Présenté à Cannes il y a quelques jours et en salles dès ce mercredi 7 juin, le film est porté par les prestations impeccables de Virginie Efira et de Melvil Poupaud.
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- Publié le 06-06-2023 à 17h05
- Mis à jour le 06-06-2023 à 17h09
Depuis quelques années, Virginie Efira (enfin césarisée en début d’année) est omniprésente au grand écran. Et alors qu’on se dit qu’on commence à la voir un peu trop, l’actrice franco-belge parvient chaque fois à nous cueillir par la justesse de son interprétation. C’est à nouveau le cas dans L’Amour et les Forêts.
Dans le nouveau film de Valérie Donzelli, l’actrice franco-belge se révèle en effet une nouvelle fois épatante face à un autre acteur omniprésent ces derniers temps : Melvil Poupaud (toujours à l’affiche de Jeanne du Barry de Maïwenn, qui avait ouvert le 76e Festival de Cannes). Se reformant après Victoria de Justine Triet (récente lauréate de la Palme d’or pour Anatomie d’une chute), le duo tient à bout de bras le sixième long métrage de Valérie Donzelli, notamment après l’inoubliable La Guerre est déclarée en 2011.

Excellente adaptation d’Éric Reinhardt
Après un détour par la comédie romantique avec le charmant Notre Dame en 2019, l’actrice et réalisatrice française est de retour avec un thriller intime d’une grande intensité, tiré du roman L’Amour et les Forêts d’Éric Reinhardt, publié chez Gallimard en 2014. Prenant pas mal de liberté avec le roman, la cinéaste et sa coscénariste Audrey Diwan (l’autrice de L’Événement d’après Annie Ernaux, Lion d’or à Venise en 2021) suppriment le point de vue masculin de l’écrivain pour nous plonger aux côtés de Blanche Renard (clin d’œil à l’auteur).
Professeure de français, celle-ci a dû mal à se remettre d’une séparation. Sa jumelle Rose la pousse à sortir. Lors d’une soirée, Blanche (Virginie Efira) retrouve Grégoire Lamoureux (Melvil Poupaud), un ancien camarade de lycée qui a beaucoup changé et qui la séduit instantanément par son culot : “C’est moi ton homme idéal.” Rapidement, Blanche se retrouve enceinte et le couple déménage de Caen à Metz, où le prince charmant a été muté.
Ce coup de foudre, Valérie Donzelli le filme de façon idyllique, profitant à fond du charisme de Virginie Efira et de Melvil Poupaud. Pourtant, très vite, on sent que tout va dérailler. C’est que Blanche raconte en fait son histoire à l’imparfait à une avocate (Dominique Reymond)…

Faire vivre l’emprise de l’intérieur
Ce à quoi on assiste en effet dans L’Amour et les Forêts, c’est non pas au délitement d’un couple mais à l’emprise grandissante d’un homme sur une femme, jusqu’à l’implosion. Efira et Poupaud sont tout autant convaincants en amoureux fous au début du film que quand le film bascule dans le thriller intime. Comme toujours très terrienne, Efira se fait moins solaire, campant avec justesse une femme au bout du rouleau, fatiguée de devoir justifier chacun de ses gestes, de ses déplacements, de ses dépenses auprès d’un pervers narcissique qui confond l’amour et la possession. Dans ce rôle sombre, Poupaud se révèle très impressionnant, effrayant même…
En ne quittant jamais d’une semelle son héroïne, Valérie Donzelli nous fait vivre de l’intérieur le cauchemar d’une femme enfermée dans une violence psychologique permanente. Une femme qui, même si elle a une sœur très proche, même si elle a des amis, des collègues, est incapable, par honte ou déni, d’échapper à l’emprise de cet homme qui prétend l’aimer. Une situation malheureusement tellement commune et souvent invisible de l’extérieur…

L’Amour et les Forêts Thriller intime De Valérie Donzelli Scénario Audrey Diwan et Valérie Donzelli (d’après le roman d’Éric Reinhardt) Photographie Laurent Tangy Musique Gabriel Yared Avec Virginie Efira, Melvil Poupaud, Dominique Reymond, Romane Bohringer, Virginie Ledoyen… Durée 1h45
