"Le dernier voyage du Demeter” : Dracula est sur un bateau… et vogue la galère
Nouvelle exploitation du mythe d’après un épisode du roman de Bram Stoker.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/dffc4ca2-824b-4571-b0d0-543ddfd99cb2.png)
- Publié le 24-08-2023 à 07h55
:focal(635x365:645x355)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/BI7WHOSCGFHXTFBXL5X5CEWLJQ.jpg)
On l’oublie ou on l’ignore souvent : le mythique et fondateur Dracula de Bram Stocker, se distingue, outre sa création du plus célèbre des vampires, par sa forme qui a revisité le roman épistolaire : juxtaposition de lettres, de journaux et autres compte rendus. Parmi ceux-ci, le journal de bord du capitaine du navire marchand Demeter qui relate l’odyssée maritime de l’équipage qui achemine de mystérieuses caisses de la Transylvanie à la Grande-Bretagne.
Le périple fait l’objet d’un chapitre dans le roman. Friedrich Wilhelm Murnau l’avait exploité dans Nosferatu (1922), adaptation non officielle de l’œuvre de Stoker. Francis Ford Coppola l’a expédié en quelques plans dans son plus officiel et malgré tout fidèle Dracula (1992).
Vingt ans de purgatoire
Le projet du présent Dernier voyage du Demeter aurait germé dans l’esprit du scénariste, Bragi F. Schut en marge du film de Coppola. Il traîne à tout le moins depuis vingt ans dans le development hell, l’équivalent du purgatoire hollywoodien où échouent bien des projets.
Cette longue gestation n’a guère été mise à profit pour peaufiner une intrigue mécanique aux ressorts éculés. Le Norvégien André Øvredal, cinquante balais dont trente à tenter de percer à Hollywood, se charge de trousser cette nouvelle variation. Il s’intéresse plus au décor du navire qu’aux tréfonds de l’âme du vampire. Celui-ci n’est plus, littéralement, que l’ombre de lui-même, silhouette fugace de croquemitaine, aseptisée et désexualisée, aux antipodes de ses origines.
L’intrigue tient du huis clos maritime matinée d’Alien : l’équipage est prisonnier en haute mer sur son navire avec une créature mystérieuse. Eux en ignorent tout. Nous en savons tout. Point de suspense ni de réelle surprise, hors quelques franches libertés avec le récit originel : ajout d’un personnage féminin et d’un médecin de bord dont la singularité aurait pu être mieux exploitée afin d’interroger les notions d’altérités et les préjugés.
Le dernier voyage du Demeter | The Last Voyage of the Demeter De André Øvredal Scénario : André Øvredal. Avec Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, David Dastmalchian… 1h59
