Avant-dernier film de Jean-Pierre Melville, «Le Cercle rouge» est sans doute le plus emblématique de son oeuvre, un modèle de polar désabusé tendant à l'épure. L'histoire
en est assez classique: soit la rencontre fortuite de deux hommes, le premier relâché de prison, le second évadé, qui décident de faire un coup ensemble, aidés par un ancien flic doublé d'un tireur d'élite. Audacieuse (elle vise une bijouterie de la Place Vendôme), l'entreprise serait rondement menée si ne s'y opposait un commissaire opiniâtre. De cet argument, Melville tire un film fascinant, baigné de l'obsession de la mort, traversé de moments de fulgurance blafarde, d'autres de malaise intense - la fameuse scène de delirium tremens. Non sans tirer le meilleur d'acteurs exceptionnels - Delon
et Volonte dans le rôle des deux truands, Montand dans celui
de leur complice et Bourvil dans
un formidable contre-emploi. Des excellentes interviews de Bernard Stora, assistant-réalisateur,
et de José Giovanni, scénariste
de Melville pour «Le Deuxième souffle», il ressort que ni l'un ni l'autre ne portait l'homme en haute estime. Stora souligne néanmoins son feeling de metteur en scène, qu'il s'agisse d' «inspirer les acteurs» ou de jouer à merveille de la dilatation. (J.-F. Pl.) (Boomerang)
© La Libre Belgique 2003