“Gunther”: derrière le chien le plus riche du monde, un italien mytho et mégalo

Un réalisateur français tente de savoir qui tire les ficelles derrière le fortuné berger allemand. À voir sur Netflix.

Gunther mangerait du caviar au petit-déjeuner selon la légende...
Gunther mangerait du caviar au petit-déjeuner selon la légende... ©Netflix

D’entrée, les voix amusées de plusieurs journalistes TV, emballés par une histoire qui sent bon le buzz, annoncent la couleur. “Il s’appelle Gunther” ; “C’est un multimillionnaire, un magnat de l’immobilier. Il paraît qu’il adore le caviar et voyager en jet privé” ; “On raconte qu’il pèse 500 millions de dollars.”

Contrairement aux apparences, Gunther ne porte pas de cravate autour du cou, mais un collier et un pendentif en forme d’os. Normal, c’est un chien. Et plus précisément, un berger allemand longtemps présenté dans de nombreux médias du monde entier (et le Guiness Book) comme l’animal le plus riche du monde. Sans vérifier le pot aux roses. Ce qu’a fait le réalisateur français Aurélien Leturgie (et d’autres avant lui) pour signer la série documentaire Netflix : Gunther, le chien qui valait des millions.

Sur le papier, Gunther (et ses descendants) aurait, donc, hérité d’une fortune colossale. Sa maîtresse, Karlotta Liebenstein, pleine aux as, serait décédée sans héritier dans les années 90. Cette comtesse allemande aurait choisi son canidé préféré pour lui léguer tout son patrimoine. C’est possible aux États-Unis, mais pas en France, ni en Belgique.

Madonna, foot et musique…

Gunther a la belle vie puisqu’il se tape la cloche dans des étoilés, fait des allers-retours chlorés, détient, via sa fondation, des parts dans une société de courses hippiques, des clubs de football italiens et a même acheté la villa de Madonna à Miami. Avec un vrai chèque de 7,5 millions de dollars signé de sa patte.

L’animal a aussi sorti un vinyle avec son groupe… Un “flop commercial” aussi insupportable que le tube de DJ Visage “Formula 98”. Les rutilements des moteurs de F1 sont remplacés par des aboiements de chiens… “Un hymne à la joie”, selon Maurizio Mian, l’homme qui se cache derrière toute cette histoire.

Un personnage bizarre…

Cet Italien titulaire d’un PhD et d’une moustache aurait été choisi par “Tata Karla”, comme il l’appelle pour gérer l’argent de la fondation Gunther. La comtesse fut, selon ses dires, une amie de sa mère. À son décès, elle lui aurait, aussi, donné pour mission de conduire des recherches scientifiques sur le bonheur. Le fils dépressif de Mme Liebenstein se serait suicidé.

À l’intérieur de la villa de Miami et dans le but d’ériger une nouvelle pyramide de Maslow, Maurizio a donc réuni des hommes “à la Gerald des G-Squad” et des femmes ressemblant à Pamela Anderson ou à Victoria Beckham. Des jeunes beaux, un peu paumés (surtout Fabrizio parcheminé de tatouages et qui se prend pour “Dieu”), à la recherche d’argent et de célébrité. Tout était filmé et les orgies plus qu’encouragées. Tout cela dans un but philosophique fumeux et eugéniste dont on ne va pas trop parler si vous souhaitez regarder la série.

Cette dernière est très documentée et a le mérite d’esquisser un portrait complet de cet homme aussi riche que mythomane et mégalo. Dommage qu’elle soit un peu trop complaisante, verse dans le racoleur (avec constamment des faux suspens, c’est usant) et soit, surtout, beaucoup trop longue. Cinquante-deux minutes auraient largement suffi pour évoquer cette histoire sordide qui nous permet, au moins, d’observer notre époque à travers des lunettes un peu plus roses.

Le topo? Évasion fiscale, appât du gain, castings lourdingues, manipulation, fausse science, vacuité et fake news… Le monde n’était finalement guère plus reluisant avant l’ère des réseaux sociaux.

  • Gunther, le chien qui valait des millions, série documentaire d’Aurélien Leturgie – Netflix : 4 x 42' environ.
étoiles Arts Libre cinéma
étoiles Arts Libre cinéma ©LLB
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