À Séries Mania, “The Actor” domine un palmarès en mode “combat”
La série iranienne a conquis le public et le jury. Côté français : "Aspergirl", "De Grâce", "Les Randonneuses", "Rictus" et "Sous contrôle" se sont distingués…
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Publié le 25-03-2023 à 10h59 - Mis à jour le 26-03-2023 à 09h30
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Combat pour la liberté, contre la maladie, pour le droit à la différence ou pour une vie meilleure : le thème de la lutte semble avoir durablement irrigué l’édition 2023 du Festival international des séries organisée à Lille du 17 au 24 mars.
Preuve que “Séries Mania n’est pas une bulle hors du monde”, comme devait le souligner sa directrice Laurence Herszberg : le festival s’est ouvert à de nouveaux territoires et notamment à l’Iran, avec la série The Actor, sacrée Grand Prix cette année. Or, l’an dernier déjà, Series Mania, accueillait la productrice ukrainienne Julia Sinkevych, en tant que présidente du jury de la Compétition internationale. Belle manière de mettre en lumière les pays en lutte pour leur liberté et leur culture. Deux thématiques qui sont au cœur de la série primée cette année.
Le réalisateur et le producteur, présents à Lille, ont d’ailleurs fait preuve d’une toute grande classe lors de la cérémonie de remise des prix, soulignant sur scène : “C’est la première fois qu’une série iranienne venait à Séries Mania et elle a gagné un prix. Je le dédie aux Iraniens qui luttent en ce moment et, en particulier, aux femmes.” Il ne reste plus qu’à espérer qu’un diffuseur achètera la série très prochainement pour qu’on puisse la découvrir dans son intégralité.
Lutter pour la vie
Le Prix du meilleur scénario a été attribué à John Kare Raake et Linn-Jeanethe Kyed pour The Fortress, série imaginant une Norvège bien décidée à dresser un mur entre elle et le reste du monde. Et plus particulièrement face aux milliers de réfugiés climatiques qui rêvent de venir s’établir dans cet État à la fois puissant et parfaitement autosuffisant en nourriture et en énergies. Un scénario glaçant, qui ne cache pas sa filiation avec une série comme Years and Years. de Russell T Davies.
Le toujours épatant Michael Sheen a hérité du titre de meilleur acteur pour son rôle de père ultra-investi et combatif dans le drame Best Interests, qui évoque le sort réservé aux personnes handicapées dans un secteur des soins de santé britannique de plus en plus mis sous tension et en difficulté.
La jeune Margot Bancilhon a été sacrée meilleure comédienne pour son rôle dans la formidable série De Grâce, ancrée au Havre, qui porte décidément bien son nom. Un drame familial à la réalisation inspirée, pleine d’ombres et de lumière et un casting d’une grande justesse emmené par le Belge Olivier Gourmet. À découvrir à l’automne sur Arte.
La chaîne européenne remporte également le prix de la meilleure série française avec Sous contrôle, satire politique créée par le romancier belge Charly Delwart et réalisée par Erwan Le Duc (Perdrix). Léa Drucker y campe une ex-travailleuse humanitaire catapultée ministre des Affaires étrangères en pleine crise diplomatique autour de l’enlèvement d’otages.
Talents extra-ordinaires
L’édition 2023 a mis en valeur de nombreux talents extra-ordinaires et notamment le jeune comédien Carel Brown, révélé dans la formidable série Aspergirl, produite par OCS et à découvrir prochainement sur RTL-TVI.
Presque aussi atypique est la trajectoire de six femmes exceptionnelles rassemblées dans Les Randonneuses, la nouvelle série de Fanny Riedberger, à venir sur TF1, qui avait déjà séduit avec son Lycée Toulouse Lautrec, au propos tout aussi original.

Parmi les comédiennes choisies pour porter son message sur la place laissée dans nos vies à la maladie et au tabou du cancer, il y a la formidable et généreuse Clémentine Célarié, primée ce vendredi soir à Lille. L’actrice a prononcé un très beau discours, débordant d’émotions et de tendresse, rappelant notamment qu’il faut “que le terme cancer ne soit plus banni”, mais aussi que “c’est dans la maladie et dans les fragilités de la vie que les gens sont les plus vibrants”.
Le prix du Panorama international, section porteuse de très nombreuses raretés, a été remis à Blackwater, thriller ancré dans l’arrière-pays suédois dans les années 1970.
Le prix de la meilleure comédie a été décerné à Rictus (OCS), formidable dystopie d’Arnaud Malherbe et Marion Festraëts (Chefs), qui imaginent un monde où le rire est désormais interdit.
Et le prix du Public sacre à juste titre Little Bird, drame canadien bouleversant qui revient sur la tragédie des enfants amérindiens enlevés à leurs parents dans les années 1960 à 80. Une série dont on attend la suite impatiemment.
En attirant 85000 spectateurs cette année, le Festival Séries Mania enregistre en outre une augmentation de 20% de sa fréquentation par rapport à l’année dernière, preuve que la curiosité reste un merveilleux défaut.
Au terme de ces huit jours de découvertes, qui nous ont permis d’aller à la rencontre de Brian Cox, Lisa Joy, Marcia Cross, Cédric Klapisch et Cécile de France, entre autres, on n’a qu’un seul regret : l’absence dans ce beau palmarès de Polar Park, formidable polar truffé de clins d’œil et de second degré, porté par Jean-Paul Rouve et Guillaume Gouix…