"Diamants bruts" : que vaut la série belgo-israélienne qui nous plonge chez les diamantaires d’Anvers ?
Ce thriller co-produit par la VRT, raconte la descente aux enfers d’une famille de diamantaires : les Wolfson.
- Publié le 27-04-2023 à 06h23
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"Je te rends grâce, roi vivant et éternel, de m’avoir, dans ton amour, rendu mon âme.” Allongé dans la lumière blanche de l’aube, le très agité Yanki scrute le plafond, à défaut de parvenir à trouver le sommeil. Après avoir récité sa prière, il enfile un gilet, pose sa kippa sur son crâne, avant de quitter le lit conjugal pour rejoindre, comme un zombie, le business familial : Wolfson Diamonds. Pas besoin d’avoir passé un an sur les bancs d’Oxford pour comprendre qu’il s’agit d’une grande entreprise de diamants. Le jeune homme s’engouffre rapidement dans son bureau anversois avant de pousser un cri sourd. Alerté, un agent de sécurité accourt à sa rescousse. Sauf que Yanki est seul dans la pièce. Planqué, le diamantaire lui subtilise son arme de service, s’enferme à double tour, pour se tirer une balle dans la tête.
Pourquoi a-t-il mis fin à ses jours ? Tout le monde, évidemment, cherche à le savoir. Y compris son frère Noah (Kevin Janssens), qui a quitté la Belgique il y a quinze ans, pour s’installer à Londres et fuir sa famille hassidique, courant ultraorthodoxe du judaïsme.
Noah ne va pas tarder à comprendre que son frère a trempé dans de sales affaires, en s’acoquinant avec un diamantaire véreux ayant des liens avec la mafia albanaise. Cette dernière a mis la main sur le trafic de cocaïne, dont Anvers est, pour rappel, le centre névralgique en Europe. Parmi ceux qui essaient de reconstituer les pièces du puzzle, il y a Jo, une procureure financière, dont le père sénile, était, justement, tailleur de diamants.
Précieuses fenêtres
Après Unorthodox, Netflix met en ligne une autre série sur la communauté hassidique. L’aspect documentaire est l’une des grandes forces de cette série belgo-israélienne, coproduite par la VRT. On découvre, d’abord, les traditions et les règles qui régissent les rapports entre familles ultra-orthodoxes. Quelqu’un qui se suicide ne peut, par exemple, pas être enterré avec ses proches, “le rite de la déchirure” lors des obsèques, les rencontres arrangées par des entremetteuses, les hommes qui ne peuvent pas serrer la main des femmes, les traditions culinaires (le pain : la hallah, le tcholent…), l’importance de la réputation ou encore la culture de l’honneur…
Une solidarité qui commencerait à s’étioler en raison des évolutions du secteur des diamants. Cette série est extrêmement bien documentée sur le mode de fonctionnement du Vestingstraat d’Anvers. Et ses difficultés. Il est, par exemple, très compliqué pour les diamantaires d’obtenir un crédit de la part d’une banque. La concurrence étrangère (notamment indienne) est, surtout, féroce.
À partir de ce matériau riche, Rotem Shamir et Yuval Yefet signent un thriller efficace à plusieurs arcs. Mais moins angoissante que Fauda, également écrite par Yuval Yefet, qui dépeignait le quotidien des Mista’arvim, les unités de police israélienne infiltrées en Cisjordanie et à Gaza.
Diamants bruts est une fiction où les trahisons et les coups de pression sont légion, comme dans Succession, La conspiration du Caire (pour la lutte à la tête de la Bourse d’Anvers). Elle rappelle, aussi, Undercover pour le côté trafic de drogue en Flandre. Présent au générique de cette dernière, l’acteur anversois Kevin Janssens – à l’aise aussi bien en néerlandais, en anglais qu’en yiddish – est convaincant pour camper le personnage-principal ambigu de Diamants bruts. Des invraisemblances déforcent la fiction. C’est le cas, notamment, de la belle-mère de Noah, une Londonienne BCBG soi-disant à la tête d’un cartel.
"Diamants bruts" – Thriller de Rotem Shamir et Yuval Yefet – Avec Kevin Janssens, Ini Massez, Robby Cleiren – Netflix (8X50').
