"Chère petite" (critique) : faut-il regarder cette série n° 1 sur Netflix ?
La série “Chère petite” (Netflix) est une adaptation d’un roman allemand qui s’est vendu à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.
- Publié le 15-09-2023 à 12h54
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À en croire le quotidien Die Zeit, un phénomène tel que Liebes Kind (Chère petite en VF) de l’autrice Romy Hausmann n’arriverait qu’une fois par an dans le milieu de l’édition allemand. Les chiffres ? 200 000 exemplaires vendus en un an dans 15 pays (traduit en français chez Actes Sud) et des critiques dithyrambiques. Quatre ans après la publication du roman, la plateforme américaine a flairé le bon filon et décidé d’adapter ce best-seller dans une série homonyme : Chère petite, dont voici le pitch.
Comme des taulards
”1-2-3-4-5..." En pleine nuit, un homme en treillis compte ses pas sur du gravier. Façon marche militaire. Dans le même temps et à l’intérieur d’une maison-bunker, une femme blonde joue avec deux enfants au “petit bac”. Le trio semble s’amuser jusqu’à l’arrivée du premier cité. “Papa !”, s’écrie la fillette qui s’appelle Hannah comme on l’apprendra. Cette dernière, son petit frère (Jonathan) et la blonde, s’alignent en rang d’oignons, avant de présenter la paume et le revers de leurs mains, comme des taulards.
Une fois cette formalité vérifiée à travers une persienne, l’homme, dont on ne voit pas le visage, déverrouille le loquet et pénètre dans la pièce. Il félicite les deux enfants mais pas la jeune femme, tremblotante, présentant une cicatrice à la main. Il lui ordonne de se reprendre. “Tu ne dois pas pleurer devant les enfants, Lena.”
De nombreuses questions
Elle parvient, quand même, à s’échapper de ce milieu confiné, à travers une forêt aussi flippante que dans le Projet Blair Witch. Percutée par un automobiliste ayant pris la fuite, elle est transportée, inconsciente, à l’hôpital d’Aix-la-Chapelle (à environ 60 kilomètres de Liège). À ses côtés, dans l’ambulance, se tient Hannah, à même de pouvoir éclairer nos lanternes et les questions en suspens : Qui a percuté Lena ? Pourquoi errait-elle, seule et en chemise de nuit, sur une route isolée ?
Mais les réponses sont compliquées à glaner car Hannah se comporte bizarrement et refuse de fournir son nom et son adresse. Une infirmière, un psy, des policiers et les parents d’une femme disparue tentent de reconstituer les pièces du puzzle. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Et nous avec.
Des fausses pistes
Romy Hausmann, ex-journaliste télé, a écrit un thriller psychologique à la Fincher. On pense à Gone Girl (lui-même basé sur le livre de Gillian Flynn). L’adaptation du roman allemand a été confiée à Isabel Kleefeld, déjà multiprimée dans son pays. L’ensemble est globalement réussi. La showrunneuse ajoute de l’angoisse à une trame déjà plus qu’intrigante et met nos nerfs à rude épreuve. Ses armes : le tic-tac d’une horloge, une musique stressante, des lumières aveuglantes, des lieux où personne n'a envie de traîner le soir, des dessins d’enfants, des monologues intérieurs, des comportements bizarres...
Grâce aux fausses pistes, aux flash-back, aux secrets cachés dans le placard et aux rebondissements constants, on retrouve, la plupart du temps, malgré quelques petits coups de mou, le côté accrocheur du “page turner”. Même si les ficelles manquent, parfois, de subtilité.
"Chère petite" – Thriller psychologique d’Isabel Kleefeld – Avec Kim Riedle, Naila Schuberth, Haley Louise Jones, Hans Löw. Netflix (6X48' environ).