Benoît Peeters, un itinéraire en zigzag
Parisien de naissance mais Bruxellois d’adoption depuis l’adolescence, Benoît Peeters, qui aura cinquante-trois ans le vingt-huit août, peut se flatter d’une activité créatrice pluridisciplinaire qui force l’admiration.
- Publié le 22-01-2009 à 00h00
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Parisien de naissance mais Bruxellois d’adoption depuis l’adolescence, Benoît Peeters, qui aura cinquante-trois ans le vingt-huit août, peut se flatter d’une activité créatrice pluridisciplinaire qui force l’admiration. Ses (centaines de) milliers de lecteurs des albums qu’il scénarisa pour des dessinateurs tels que François Schuiten, Frédéric Boilet, Anne Baltus ou Alain Goffin (parmi d’autres) savent-ils suffisamment que le conteur des "Portes du Possible", de "L’Enfant penchée" ou du "Théorème de Morcom" est aussi le romancier (dès 1976) d’"Omnibus" -en hommage à Claude Simon- et de "La Bibliothèque de Villers" (que traverse le fantôme d’Agatha Christie), l’émouvant et pénétrant évocateur de "Villes enfuies" (qui montre quel grand voyageur devant l’Eternel il est) et le scénariste de romans photos fascinants, réalisés par Marie-Françoise Plissart - notamment le troublant et "très littéraire" (bien que muet) "Droit de regards" paru aux Editions de Minuit en 1985, suivi d’une lecture par Jacques Derrida dont B.P. rédige en ce moment la biographie, commandée par Flammarion ? Déplorons, avec lui, que "l’aventure du récit photographique, à ce jour, n’a pas connu de nouveau prolongement." Et savent-ils qu’on lui doit encore une remarquable étude sur Valéry, de nombreuses scénographies d’expositions (du "Musée des Ombres" aux "Architectures rêvées" en passant par "Hergé dessinateur" ?) Du génial Hergé, point besoin de rappeler qu’il est l’un des spécialistes, auteur d’ouvrages essentiels comme "Le Monde d’Hergé", "Les Bijoux ravis" et "Hergé, fils de Tintin". Mais Benoît Peeters - le plus pince-sans-rire des érudits - est également l’essayiste de "Hitchcock, le travail du film"; documentariste, il a également été en 1999 le réalisateur d’un long métrage, "Le Dernier plan" (écrit en collaboration avec François Schuiten, Pierre Drouot et Sandrine Willems), ainsi que l’animateur, en 2001, d’entretiens fleuves avec Alain Robbe-Grillet (deux DVD qui totalisent 6 h15), et est l’éditeur qui préside aux destinées des éclectiques Impressions Nouvelles. Allons, restons-en-là ! Sans qu’il s’agisse à proprement parler de mémoires, l’essayiste de "Case, planche, récit" survole, dans "Ecrire l’image", un parcours "d’allure plutôt dispersée", un itinéraire en zigzag. Des pages nées dans le cadre d’une Habilitation à diriger des recherches, soutenue à la Sorbonne (Université Paris 1) le 3 juillet 2007.
Un ouvrage aussi éclairant qu’apéritif, où Benoît Peeters observe : "Même si l’écriture, au sens le plus pur du terme - ou si l’on préfère la littérature - n’a pas cessé de compter pour moi, je n’ai jamais ressenti les images comme des concurrentes des phrases que je traçais, mais comme de véritables stimulants, m’ouvrant à chaque fois des possibilités nouvelles." Et le très cultivé coauteur, avec Michel Lafon, de "Nous est un autre, enquête sur les duos d’écrivains" d’avouer : "J’ai le sentiment d’être, par bien des côtés, le contraire d’un touche-à-tout : une sorte d’obsessionnel à plusieurs facettes."
Ecrire l'image, Benoît Peeters, Les Impressions Nouvelles, 160 pp. illustrées, env. 16€