En bref

Parmi les intimes d’Hitler figurait Magda Goebbels, femme depuis 1931 de son ministre de la Propagande et de l’information. Le lendemain du suicide du Führer (et de son épouse de quelques heures, Eva Braun, le 30 avril 1945, dans le bunker de la Chancellerie à Berlin), Magda G. fera empoisonner ses six enfants (elle en a eu sept) avant de se donner la mort avec son (infidèle) mari. Des ouvrages ont déjà été - entièrement ou partiellement - consacrés à cette fanatique "première dame du IIIe Reich", notamment "Les Femmes d’Hitler" de Guido Knopp et le "Magda Goebbels" d’Anja Klabunde. Enfant, Maria Magdalena (née le 11 novembre 1901) sera pensionnaire à Bruxelles, chez les ursulines à Vilvorde, et portera le nom juif de son beau-père, Friedländer. Adolescente, elle s’éprendra d’un jeune militant sioniste, Haïm Arlozoroff, qui serait peut-être devenu le premier président de l’Etat hébreu s’il n’avait été assassiné, à Tel-Aviv, le 16 juin 1933. Dans ce roman parfois étourdissant (septième de son auteur), où l’on traverse l’espace et le temps, Tobie Nathan (né au Caire en 1948, à qui l’on doit plusieurs ouvrages de psychologie et d’anthropologie) fournit une explication - fictive - à la mort de l’ancien amour de Mme Goebbels : c’est pour littéralement offrir "son" Juif à ce Führer qu’elle vénère (lui qui s’est juré de les exterminer jusqu’au dernier) qu’elle organise ce crime, cette sorte de "sacrifice". Ce récit, bien construit, met donc en scène, principalement, une Allemande ambitieuse à l’extrême, qui incarnera l’"Aryenne parfaite", qui avait pour elle beauté, intelligence et fortune (due à son richissime premier mari, l’industriel Günther Quandt) et qui voua une admiration éperdue à un Hitler qui, jusqu’à la veille de sa mort, ne se voulut d’autre épouse que l’Allemagne, mais que Magda Goebbels fascinait. Un roman librement inspiré de faits réels, qui risque de susciter la polémique, dont cette femme fatale - qui se prit pour une déesse d’enfer - est l’antihéroïne, aussi redoutable que la Juliette de Sade, la Merteuil des "Liaisons dangereuses" ou la Milady des "Trois mousquetaires". Un personnage complexe, vénéneux, voulant se hisser au niveau des monstres qu’incendiait leur haine absolue des juifs, et dont le livre de Tobie Nathan propose un portrait sulfureux.

Roman

Qui a tué Arlozoroff ?

Parmi les intimes d’Hitler figurait Magda Goebbels, femme depuis 1931 de son ministre de la Propagande et de l’information. Le lendemain du suicide du Führer (et de son épouse de quelques heures, Eva Braun, le 30 avril 1945, dans le bunker de la Chancellerie à Berlin), Magda G. fera empoisonner ses six enfants (elle en a eu sept) avant de se donner la mort avec son (infidèle) mari. Des ouvrages ont déjà été - entièrement ou partiellement - consacrés à cette fanatique "première dame du IIIe Reich", notamment "Les Femmes d’Hitler" de Guido Knopp et le "Magda Goebbels" d’Anja Klabunde. Enfant, Maria Magdalena (née le 11 novembre 1901) sera pensionnaire à Bruxelles, chez les ursulines à Vilvorde, et portera le nom juif de son beau-père, Friedländer. Adolescente, elle s’éprendra d’un jeune militant sioniste, Haïm Arlozoroff, qui serait peut-être devenu le premier président de l’Etat hébreu s’il n’avait été assassiné, à Tel-Aviv, le 16 juin 1933. Dans ce roman parfois étourdissant (septième de son auteur), où l’on traverse l’espace et le temps, Tobie Nathan (né au Caire en 1948, à qui l’on doit plusieurs ouvrages de psychologie et d’anthropologie) fournit une explication - fictive - à la mort de l’ancien amour de Mme Goebbels : c’est pour littéralement offrir "son" Juif à ce Führer qu’elle vénère (lui qui s’est juré de les exterminer jusqu’au dernier) qu’elle organise ce crime, cette sorte de "sacrifice". Ce récit, bien construit, met donc en scène, principalement, une Allemande ambitieuse à l’extrême, qui incarnera l’"Aryenne parfaite", qui avait pour elle beauté, intelligence et fortune (due à son richissime premier mari, l’industriel Günther Quandt) et qui voua une admiration éperdue à un Hitler qui, jusqu’à la veille de sa mort, ne se voulut d’autre épouse que l’Allemagne, mais que Magda Goebbels fascinait. Un roman librement inspiré de faits réels, qui risque de susciter la polémique, dont cette femme fatale - qui se prit pour une déesse d’enfer - est l’antihéroïne, aussi redoutable que la Juliette de Sade, la Merteuil des "Liaisons dangereuses" ou la Milady des "Trois mousquetaires". Un personnage complexe, vénéneux, voulant se hisser au niveau des monstres qu’incendiait leur haine absolue des juifs, et dont le livre de Tobie Nathan propose un portrait sulfureux. (Fr.M.)

Tobie Nathan, Grasset, 426 pp., env. 20,90 €

Album d’art

Lydia D.

De Matisse (1869-1954), Lydia Delectorskaya fut l’une des muses et l’un des modèles. Le Musée départemental Matisse, créé au Cateau-Cambrésis en 1952, vient de le rappeler via une exposition (qui, sous une forme différente, sera présentée à Nice du 18 juin au 27 septembre) comportant 21 peintures et 121 dessins inspirés par cette belle Russe, née en Sibérie le 23 juin 1910, arrivée en France en 1928 et décédée le 16 mars 1996, qui posa pour "La Blouse verte", "Le Rêve" et l’admirable "Nu au fauteuil, fond rouge ". Un album/catalogue qui donne envie de relire le "Henri Matisse, roman" d’Aragon, paru en 1971 (en deux volumes) chez Gallimard, qui l’a réédité en 1998 en "Quarto". (Fr.M.)

Collectif sous la direction de la conservatrice en chef Dominique Szymusiak, Musée Matisse Le Cateau-Cambrésis et Musée Matisse de Nice, 224 pp. illustrées en noir et blanc et en couleurs, env. 39 €

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