L’entretien
Anne-Sophie Stefanini, née en 1982, a orienté ses choix de vie autour de ses deux passions fondatrices, le voyage au long cours et la lecture. Passionnée de l’Afrique, elle édite aujourd’hui les livres des écrivains francophones qu’elle lit et admire depuis son adolescence. Nourrie de récits de voyage, la découverte des aventures d’Isabelle Eberhardt - aventurière suisse de la fin du XIXe siècle qui a voyagé au Maghreb - la pousse à prendre la plume à son tour. La "totale révélation" causée par la découverte de la vie de cette femme et de sa mère la décide à raconter l’histoire d’un duo mère-fille, Catherine et Laure, mais en ancrant leur itinéraire dans la modernité. "Vers la mer", récit sensible d’un voyage de Paris à Nice avec Alger pour horizon, mêle les paysages imaginaires fantasmés nés de la lecture et le goût de l’ailleurs, de la route et d’une quête qui aboutit souvent à une rencontre avec soi-même.
Publié le 12-09-2011 à 04h16
Anne-Sophie Stefanini, née en 1982, a orienté ses choix de vie autour de ses deux passions fondatrices, le voyage au long cours et la lecture. Passionnée de l’Afrique, elle édite aujourd’hui les livres des écrivains francophones qu’elle lit et admire depuis son adolescence. Nourrie de récits de voyage, la découverte des aventures d’Isabelle Eberhardt - aventurière suisse de la fin du XIXe siècle qui a voyagé au Maghreb - la pousse à prendre la plume à son tour. La "totale révélation" causée par la découverte de la vie de cette femme et de sa mère la décide à raconter l’histoire d’un duo mère-fille, Catherine et Laure, mais en ancrant leur itinéraire dans la modernité. "Vers la mer", récit sensible d’un voyage de Paris à Nice avec Alger pour horizon, mêle les paysages imaginaires fantasmés nés de la lecture et le goût de l’ailleurs, de la route et d’une quête qui aboutit souvent à une rencontre avec soi-même.
Ce voyage est-il un parcours initiatique pour Laure, qui a dix-huit ans ?
Je souhaitais que Laure retrace la route de son aventurière préférée et pense, sans doute comme je l’ai rêvé aussi à son âge, que ce serait le voyage qui la ferait grandir, qui l’éloignerait de Paris et de sa mère. Elle comprend que son parcours est initiatique car le plus important est entre Paris et Nice. Là, résident l’aventure et la rupture. C’est aussi la prise de conscience que cet itinéraire est un chemin impossible : elle ne retrouvera pas le port d’Alger du XIXe siècle. Dans "Vers la mer", je pose aussi la question du voyage : qu’est-ce qui pousse les gens à partir ? Est-ce qu’il y a encore une aventure possible ?
Parfois, un premier grand voyage est une fuite, initié plutôt par le désir de s’échapper que de la découverte. Est-ce le cas de Laure ?
Pour Laure, il n’y a pas vraiment de fuite, de déni de la réalité, c’est une quête sincère d’un ailleurs. C’est un choix de vivre différemment, le voyage permet d’ouvrir les yeux, de donner un sens.
La mère et la fille forment un duo étonnant et ont un rapport très fort à la lecture...
La relation mère-fille me passionne et me permet de parler de la mémoire, du fait de grandir, de se séparer, et d’évoquer la relation au mensonge et à la solitude. Le lien est intensifié par le voyage. Les livres sont précieux pour Laure parce qu’elle y puise des désirs de voyage et de route, c’est un rapport impressionniste. Pour Catherine, c’est une sorte de paravent qui la protège du monde, un rapport savant. Toutes deux y trouvent le miroir d’une vie rêvée.
Vers la mer Anne-Sophie Stefanini JC Lattès 234 pp., env. 17 €