Sexualité en Rome antique
Le statut social des Romaines "encadrait leur vie sexuelle en fonction de règles morales établies par les mythes politiques romains et par la religion".
Publié le 02-09-2013 à 05h39 - Mis à jour le 03-09-2013 à 09h16
Docteur en Histoire, Virginie Girod a soutenu, à l’université de Paris IV-Sorbonne, une thèse sur la sexualité des Romaines au début de l’Empire; c’est de ce travail qu’est issu ce livre extraordinairement précis.
Pour décrire "tout le paradoxe" de l’érotisme féminin dans la Rome d’il y a quelque deux millénaires, l’auteur cite cette épigramme sans ambiguïté que que le poète latin Martial (né vers 40, mort vers 104) écrivait à son épouse : "Je veux bien que tu sois une Lucrèce pendant le jour tout entier, mais c’est une Laïs qu’il me faut la nuit"…
Dans cet essai qui est d’Histoire autant que de sociologie, Mme Girod montre qu’étant donné qu’une femme "ne pouvait pas être tout à la fois le parangon de la chasteté et une amante dépravée", les Romaines furent classées en catégories et comment leur statut social "encadrait leur vie sexuelle en fonction de règles morales établies par les mythes politiques romains et par la religion". Elle rappelle ainsi que la femme mariée (la matrone) se trouvait "cantonnée" dans un rôle reproducteur "dénué de sensualité"; e n revanche, les prostituées - des esclaves, affranchies ou plus rarement libres - se voyaient chargées de distraire érotiquement les hommes.
Dans ce livre (qui aurait mérité un cahier d’illustrations) Virginie Girod étudie la vie sexuelle au quotidien des Romaines, notamment au temps de Messaline (v. 25-48), l’impératrice dissolue qui épousa son cousin Claude (un homme cultivé mais faible, qui eut ensuite pour femme l’ambitieuse princesse Agrippine la Jeune, mère de Néron (qui la fera assassiner), sous le principat du sanguinaire déséquilibré mental Caligula (à ce sujet, on renvoie les lecteurs aux "Vies des douze Césars" de Suétone, l’archiviste d’Hadrien). Une "nouvelle réflexion" sur la condition des femmes romaines.
Les femmes et le sexe dans la Rome antique Virginie Girod Tallandier 366 pp., env. 23,90 €