S’embêter à tous les temps

Voilà qui n’est pas si bête, semble nous dire Michel Van Zeveren. Petit album jouissif.

Bertels Laurence
S’embêter à tous les temps

Une semaine seulement que les enfants ont repris le chemin de l’école et tant de choses déjà qui se sont déroulées. Le dossier, toutefois, demeure d’actualité et il reste beaucoup à découvrir. Telle cette incroyable leçon de gymnastique en compagnie du célèbre fantôme de Jacques Duquennoy, leçon pour laquelle les petites pantoufles blanches, encore en vente dans toutes les grandes surfaces, mais sans doute plus dans toutes les tailles, ne sont même pas requises. Un peu de patience et de doigté, en revanche… Du fantôme, on ne voit a priori que le chapeau rouge, les yeux noirs et le sourire… Le reste n’est que chaînettes à manipuler vers le haut ou le bas pour les étirements avant d’entamer le deuxième exercice, celui du pas de limaçon avec ses flexions dorsales, ventrales, son pas accéléré ou encore son chatouillis. Notre préférence ira au balancement de la queue du chat particulièrement tonique en ce livre-jeu en trois dimensions, bien plus hypnotisant que la télévision.

Il ne faudra toutefois pas en rester-là pour suivre une formation complète. Jacques Duquennoy propose donc "L’école fantôme", celle que l’on fréquente la nuit depuis 295 ans au moins et où l’on n’entre jamais par la porte, bien entendu. Au menu : concentration, déplacement d’objets à distance, naissance de l’araignée et relaxation avant le décollement du tapis. Un livre invisible à glisser aisément dans le cartable.

Restons à l’école en compagnie du talentueux et prolifique Michel Van Zeveren dont les loups et, surtout, les cochons évoquent ceux de Mario Ramos. Les deux artistes ont le même éditeur et le même amour de la chute mais la comparaison, qui, on le sait, n’est pas raison, s’arrête bien sûr là. Auteur illustrateur de vingt-quatre titres en douze ans, dont "La porte" reste un incontournable, l’artiste bruxellois conjugue cette fois le verbe "embêter" à tous les temps et surtout dans tous les sens. Joyeux jeu de mots et de langue qui s’ouvre sur un sanglier et un chien affalés d’ennui sur leur banc. Heureusement, on frappe à la porte et surgit, au lieu de rugir, un lion directeur demandant au loup professeur s’il peut l’embêter une seconde. "Pas de bêtises", demande alors l’instit aux élèves qui trouvent que cela n’est pas bête… Mais qui embête l’autre à l’école ? Les plus grands, les garçons ? Les derniers embêtés seront sans doute les plus embêtés mais le seul, finalement, qui ne s’embêtera pas sera le lecteur en lisant cet album jouissif.

Que l’on s’y ennuie ou pas, chacun vit l’école différemment comme le confirment ces "petites histoires d’école", un album doux et retro qui raconte les angoisses de la petite souris Daisy lorsque sa "maman" la prépare pour le grand jour, les bougonnements de Maurice, l’ourson de Tim ou le sautillement de la grenouillette Lila à l’heure de la sieste. Un album classique et malicieux où les jouets des enfants trahissent leurs appréhensions pour mieux les dédramatiser.

Laurence Bertels

Petite gymnastique Jacques Duquennoy Albin Michel jeunesse 8 pp., env. 19.50 €. Dès 2 ans

L’école fantôme Jacques Duquennoy Albin Michel Jeunesse 46 pp., env. 10 €. Dès 3 ans

Je, tu, il m’embête Michel Van Zeveren Pastel 28 pp., env. 11,50 €. Dès 4 ans

Petites histoires d’école Sophie Carquain et Christine Davenier Albin Michel jeunesse 56 pp., env. 13,50 €. Dès 5 ans

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