Sur Hergé: trois nouveaux joyaux
Deux splendides ouvrages de Dominique Maricq et de Michel Daubert. Et un volume hors-série de “Historia” sur “Tintin et les forces obscures”.
Publié le 28-10-2013 à 12h40 - Mis à jour le 29-10-2013 à 15h14
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Aux dizaines d’études consacrées à Hergé – l’homme et son œuvre –, s’en ajoutent aujourd’hui trois, d’excellente qualité. Voyons ça, pied au plancher.
Le premier, un hors-série de “Historia”, analyse Tintin et les forces obscures, à savoir : “rêve, voyance, hypnose, radiesthésie, télépathie, extraterrestres, superstitions, sociétés secrètes, folie”… Une vingtaine de spécialistes (de Serge Tisseron à Frédéric Soumois, en passant par Yves Bosson) nous y entraînent dans l’insolite, le fabuleux ou l’irrationnel et mettent en perspective “les grands événements et les figures emblématiques qui ont marqué l’histoire du paranormal”. Dans l’éditorial de cet album aussi original que captivant – qui a bénéficié de l’aide et des conseils de Didier Platteau, Michel Bareau et Louise Cliche –, Franz-Olivier Giesbert rappelle que l’“extraordinaire” Georges Remi (alias Hergé, 19071983) “n’a pas attendu Matrix, Star Wars ou Stephenie Meyer pour se lancer dans le paranormal. Il avait, comme d’habitude, plusieurs coups d’avance. Il est allé si loin et si vite que personne, depuis qu’il a pris son élan, n’a encore pu le rattraper”. En conclusion de ce recueil, Philippe Goddin (l’auteur du capital “Hergé, lignes de vie” et du monumental “Hergé, chronologie d’une œuvre”) parle de “Hergé ou la vie en clair-obscur”, texte illustré notamment par le fameux portrait de profil du créateur de Tintin, dû au beau peintre et scénariste Jacques Van Melkebeke.
L’érudit Michel Daubert, qui fut journaliste au “Figaro” et à “Télérama”, eut le bonheur d’interviewer Hergé à Bruxelles dès 1970. Ses reportages dans “Le Figaro” contribueront à “déculpabiliser” la Bande dessinée dans une presse française qui jusqu’alors l’ignorait ou ne la regardait qu’avec condescendance. Que de chemin parcouru depuis, mille sabords ! Sur une maquette formidable de Michel Bareau et Catherine Thirry, il nous livre un “Musée Hergé” où l’image prédomine, qui invite à la (re)découverte du monde du “glouton optique” que se reconnaissait être le prodigieux auteur de “On a marché sur la Lune”. Dans sa préface, Fanny Rodwell qualifie de “musée de papier” ce splendide volume qui fait écho au véritable Musée Hergé à Louvain-la-Neuve, dû à l’architecte français Christian de Portzamparc : “il exprime, en près de 500 pages, toute l’œuvre d’un des plus grands artistes du XXe siècle, comme le qualifie le philosophe Michel Serres”. Un livre en or pour un temple d’art.
Enfin, saluons “Les trésors de Tintin” qui contient, entre autres, 22 fac-similés rares, “sélectionnés parmi les bijoux graphiques des caves du château de Moulinsart”. Ce joyau a pour orfèvre Dominique Maricq, tintinologue passionné dont nous avons déjà ici applaudi la constante rigueur et qualité des travaux, notamment lors de la publication en 2011 de “Hergé côté jardin”. Que sur votre liste de cadeaux, en vue des prochaines fêtes de fin d’année, ce magnifique ouvrage figure en tête ! A coup sûr, vous ferez des heureux.
Tintin et les forces obscures Collectif (conseiller éditorial : Jacques Langlois) Historia (avec “La Libre Belgique” et “DH”) 130 pp. ill. en couleurs, env. 9,50 €
Musée Hergé Michel Daubert Editions de La Martinière – Editions Moulinsart
478 pp. ill. en couleurs, env. 39 €
Les trésors de Tintin Dominique Maricq Editions de Noyelles – Editions Moulinsart 96 pp. ill. en couleurs