Qui a volé dans la Bible hébraïque ?
Une enquête sur le destin de sa plus ancienne version, datée du Xe siècle.
Publié le 10-06-2014 à 09h15 - Mis à jour le 10-06-2014 à 09h16
Une enquête sur le destin de sa plus ancienne version, datée du Xe siècle.Un jour, l’attention de Matti Friedman fut attirée par un document exposé dans "une obscure salle souterraine" du Musée national juif d’Israël à Jérusalem, où les visiteurs n’ont d’yeux que pour les manuscrits de Qumrân. Il s’agissait de la plus ancienne version connue de la Bible hébraïque, qui fait autorité chez les Juifs croyants, composée dans la Ville sainte au Xe siècle. En fait, seules deux pages sont visibles, posées sur une réplique. Et de l’original ne restent qu’environ deux tiers des pages.
Comment ce manuscrit sacré, dont Maïmonide fit notamment usage, est-il arrivé là ? Et surtout que sont devenues ses parties manquantes ? En journaliste ("Associated Press", "Times of Israel"), l’auteur s’est posé naturellement ces questions. Son livre, résultat de plusieurs années d’enquêtes, ne constitue pas la première tentative de réponse. Au moins apporte-t-il des éléments substantiels à verser au dossier, en dépit d’une insistance un peu pesante à souligner que la recherche fut menée "en terrain miné". Rien que l’histoire établie des fortunes et infortunes auxquelles ce document a survécu jusqu’au XXe siècle vaut la lecture.
Quant aux obscures ultimes vicissitudes du codex d’Alep, ainsi appelé parce qu’il fut conservé à partir du XIVe siècle dans la synagogue de la ville syrienne, le maigre espace qui nous est ici imparti ne permet pas d’entrer dans les détails. Disons seulement que l’essentiel s’est noué quand, en 1947, des émeutes antijuives éclatèrent un peu partout au Proche-Orient. Le lieu de culte qui abritait la copie fut incendié mais le nouvel Etat d’Israël parvint à exfiltrer celle-ci dans des conditions rocambolesques, dignes d’autres hauts faits futurs tels l’enlèvement d’Eichmann à Buenos Aires ou le sauvetage des otages d’Entebbe.
Ce qui est beaucoup moins glorieux, c’est la manière dont certains gardiens du Livre auraient profité des circonstances pour se livrer à un vulgaire larcin…
Le codex d’Alep Matti Friedman Albin Michel 349 pp., env. 23 €