La noblesse visée par Amélie Nothomb
Au moment même où elle est nommée baronne à son tour !
- Publié le 20-08-2015 à 12h20
- Mis à jour le 24-08-2015 à 10h44
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Au moment même où elle est nommée baronne à son tour !Le hasard joue des tours étonnants. Le nouveau roman d’Amélie Nothomb, "Le crime du comte Neville", son opus annuel, est une satire totalement fantaisiste de la noblesse belge. L’écrivaine semble y régler gentiment ses comptes avec son père, le baron Patrick Nothomb, grand diplomate belge, et ses pairs. Mais elle le fait… au moment même où le Roi vient de la nommer à son tour baronne - chez les Nothomb, les filles n’héritent pas du titre nobiliaire.
L’histoire est comme toujours chez Nothomb parfaitement farfelue, pleine de rebondissements inventifs mais totalement improbables. Un conte vite fait, vite lu. Mais qui, cette fois, a une dimension plus personnelle.
Elle s’est inspirée librement de la nouvelle d’Oscar Wilde "Le crime de lord Arthur Savile" à qui une chiromancienne annonce qu’il va commettre un crime. Ici aussi, le comte Neville se voit prédire la même chose par une voyante.
Il est châtelain dans les Ardennes belges, père d’une fille nommée Sérieuse (un double d’Amélie ?) mais désargenté. Toute sa vie consiste à organiser des réceptions dans son château du Pluvier. Peu importe que le reste de l’année, les Neville soient sans le sou et que le château familial tombe en ruines, il faut savoir recevoir et éblouir. Chez ces nobles, tout est dans les apparences. "La noblesse n’a pas des droits mais uniquement des devoirs", dont celui de savoir recevoir.
De manière parfaitement non crédible, il accepte la prévision de la voyante et se dit qu’il vaut mieux organiser lui-même le meurtre qu’il devra commettre, même s’il faut tuer sa fille Sérieuse. Car pour cette noblesse, "ce qui est monstrueux n’est pas nécessairement indigne". Si on doit commettre un crime, on peut rester néanmoins noble.
On laissera à chacun de lire ce genre de réflexions absurdes mêlées à un suspense. Amusant, mais aussi creux, comme une bulle de champagne. Guy Duplat
"Le crime du comte Neville", Amélie Nothomb, Albin Michel, 135 pp.,env. 15 €