Voici la bible illustrée des meilleures séries des 25 dernières années

Taschen publie la bible illustrée des meilleures séries des 25 dernières années. 68 récits qui interrogent un univers mouvant.

Karin Tshidimba
Breaking Bad -TV series saison 2 Aaron Paul - Bryan Cranston EPP / Reporters
Breaking Bad -TV series saison 2 Aaron Paul - Bryan Cranston EPP / Reporters ©EPP / REPORTERS

Twin Peaks" y trône en couverture comme un objet rare et envié. Non pas en raison de son retour annoncé en 2016 mais parce que la série de David Lynch, à son arrivée en 1990, a imprimé un tournant radical à la narration en série. Avec "Twin Peaks", il a enfin été établi que les téléspectateurs les plus fidèles n’étaient pas là seulement pour se divertir, mais aussi pour tenter de résoudre un certain nombre d’énigmes et de décrypter le monde dans lequel ils sont plongés.

Ce fait est salué par le nouveau recueil encyclopédique des éditions Taschen consacré à l’univers des séries. "Les séries vivent des attentes de leurs spectateurs", expliquent ainsi Jürgen Müller et Steffen Haubner, en préambule. "C’est la mise à l’épreuve ou non de ces attentes qui fait la différence entre les productions ordinaires et les séries exceptionnelles. Aujourd’hui des virtuoses de la télévision tels que (Vince) Gilligan sont parvenus à gagner un public qui n’exige rien de moins que de voir, d’un épisode à l’autre, d’une saison à l’autre, ses pressentiments et ses prédictions balayés par le tourbillon des événements. Si les téléspectateurs attendent une chose, c’est bien l’imprévisible."

Une durée qui est celle de la réflexion

Le but a changé. Il ne s’agit plus de nous rassurer mais bien d’interroger notre façon d’être "au monde", d’observer notre comportement dans une société aux codes de plus en plus mouvants. C’est cette mouvance, cette adaptation constante au réel qui fait des séries le poste d’observation privilégié de l’univers qui nous entoure. "En rajoutant la durée et la transformation comme ingrédients de base, la série dépasse de ce fait l’expérience que peut offrir un livre ou un film." Un modèle narratif qui, de leur aveu même, influence de plus en plus d’écrivains et de cinéastes. Le film "Boyhood" de Richard Linklater, récemment oscarisé, a d’ailleurs adapté ce principe de transformation commun à toutes les séries. En choisissant de filmer un groupe sur 12 années, il est devenu une sorte d’objet mi-filmique, mi-sériel.

De plus en plus présentes sur grand écran

Ce rapprochement entre petit et grand écrans n’est pas un phénomène neuf mais, à chaque saison, il prend plus d’ampleur (cf. ci-dessous). La nouvelle ne surprend guère lorsqu’on sait l’importance que revêtent les créations pour le petit écran dans l’univers hollywoodien avec un nombre croissant de réalisateurs, de scénaristes, d’auteurs et de producteurs jonglant entre les deux types d’écrans. Si certains ont voulu croire que l’âge d’or des séries s’était éteint avec la disparition des "Soprano", de "Lost" ou "The Wire", de nouvelles pousses prouvent qu’ils se sont trompés. C’est à ce foisonnement des 25 dernières années que s’intéresse la nouvelle brique richement illustrée de l’éditeur Taschen.

Des "Simpson" à "True Detective" en passant par "Friends", "Sex and the City", "Six Feet Under", "Rome" et "Breaking Bad" - série en compagnie de laquelle ils prennent soin de poser les jalons fondamentaux du genre - trente auteurs balaient les années 1990 à 2015 de manière résolument subjective. Des choix qui rejoignent en de nombreux points les séries les plus prisées par le public américain (cf. top 100 ci-dessous).

Et s’il fallait n’émettre qu’une seule réserve face à cet imposant volume ? Ce serait l’absence de la série "Urgences" considérée pourtant par de très nombreux critiques comme un modèle du genre médical…

--> "L’Univers des séries TV", Taschen, 744 pp., env. 50€

Le succès tous écrans des séries

En tête du top 100. "The Hollywood Reporter" a demandé à 2 800 professionnels américains de lister leurs programmes préférés, hors talk-shows et émissions d’actualité. C’est une comédie qui domine le classement : "Friends", qui explora la vie de six jeunes New-Yorkais de 1994 à 2004. Vient ensuite l’inimitable "Breaking Bad" : arrêtée en 2013 par la chaîne AMC au terme de cinq saisons, elle a explosé les canons de la narration en série. Sur la troisième marche du podium figure "The X-Files", autre grande série des années 90. Bonne nouvelle pour la Fox qui va relancer cette série phare grâce à une mini-saison en 6 épisodes. De nouvelles enquêtes menées aux "frontières du réel" par le duo emblématique David Duchovny et Gillian Anderson. Série la plus piratée à travers le monde, "Game of Thrones" arrive au pied du podium. Viennent ensuite "Les Soprano", "Mad Men", "Les Simpson", "Sex and the City", "Lost", "30 Rock" ou "Twin Peaks" qui figurent toutes dans le top 20 des programmes les plus marquants de l’histoire de la télévision américaine. Et la centième place est occupée par… la série "Desperate Housewives".

Au Festival de Toronto aussi. Après avoir conquis Deauville, Venise, Cannes et Berlin, les séries ont pris leurs quartiers cette semaine au Festival de Toronto. Le public venu découvrir le dernier film de Ridley Scott a également pu goûter aux premiers épisodes de la nouvelle saison de la série française "Les Revenants" ou de l’Islandaise "Trapped". Disposant pour la première fois d’une section dédiée, la télévision étend ainsi son influence sur le festival de cinéma nord-américain.

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