Huit mois requis contre l'écrivain Erri De Luca

L’écrivain italien est poursuivi pour "incitation au sabotage".

AFP
Huit mois requis contre l'écrivain Erri De Luca
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Le parquet de Turin a requis lundi huit mois de prison ferme contre l’écrivain italien Erri de Luca, jugé pour "incitation au sabotage" du chantier du tunnel ferroviaire Lyon-Turin, en raison de la "force persuasive" des paroles d’un écrivain à "la notoriété internationale". La décision a été mise en délibéré au 19 octobre.

L’écrivain de 65 ans, qui encourt jusqu’à cinq ans de prison ferme et avait déjà annoncé qu’il ne ferait pas appel en cas de condamnation, s’est dit "stupéfait par la différence entre les arguments produits (par le parquet) et ce réquisitoire a minima".

"Erri de Luca a bien utilisé le mot sabotage", a fait valoir le procureur turinois Antonio Rinaudo dans son réquisitoire, énumérant les différentes "attaques" contre le chantier, en particulier celles suivant l’entretien de l’auteur avec plusieurs médias italiens en septembre 2013. Lors de cette interview, l’écrivain, écologiste longtemps militant d’extrême gauche, prix Fémina étranger en 2002 en France pour "Montedidio", avait confirmé son soutien sans faille, exprimé depuis 2005, au mouvement "No TAV" (Non au TGV), qui fait rage en Italie contre le projet de liaison rapide entre Lyon et Turin.

"On ne peut invoquer la liberté d’expression dans ce cas", a lancé le procureur, arguant qu’il s’agissait d’un "discours public" prononcé dans un "contexte précis" et ayant conduit à des "actes concrets et illégaux". "En raison de sa notoriété internationale, ses paroles ont un poids déterminant et ses phrases une force suggestive", a-t-il insisté.

Interprétation subjective

"Ce réquisitoire est un message sur la liberté d’expression", a quant à lui déclaré Erri de Luca à la presse, se disant "non pas un martyr ni une victime, mais le témoin d’une volonté de censure de la parole". Lors de la précédente audience, le 20 mai, il s’était défendu en disant qu’il pouvait seulement "inciter à la lecture, à la limite à l’écriture". De fait, les propos de l’intellectuel, alpiniste chevronné, "peuvent surtout inciter à avoir des doutes" sur l’intérêt du chantier, a argumenté l’avocat de la défense. "Voyez en France, également concernée par le projet, où est le problème ? Ont-ils fait un procès à mon client ? Non, au contraire, certains ont même depuis revu leur position sur ce chantier", a-t-il lancé, évoquant des poursuites judiciaires basées sur une "interprétation subjective" des propos d’Erri de Luca, et non sur le droit. (AFP)

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