Gregory Laurent, artiste chef d’entreprise et nouveau visage de la Foire du livre
En changeant la direction du rendez-vous annuel de l’édition, son conseil d’administration a voulu lui donner une nouvelle impulsion. Les projets foisonnent, avec pour objectif de toucher de nouveaux publics. "Le bonheur est à la page" sera le thème décliné du 18 au 22 février 2016.
Publié le 22-09-2015 à 10h07 - Mis à jour le 22-09-2015 à 10h09
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En changeant la direction du rendez-vous annuel de l’édition, son conseil d’administration a voulu lui donner une nouvelle impulsion. Les projets foisonnent, avec pour objectif de toucher de nouveaux publics. "Le bonheur est à la page" sera le thème décliné du 18 au 22 février 2016.
Il a adopté le costume noir et les boutons de manchettes, et s’est laissé pousser quelque peu les cheveux : voilà pour les changements visibles accompagnant le changement de fonction. Depuis qu’il a pris la succession d’Ana Garcia (remerciée cet été) à la tête de la Foire du livre de Bruxelles, Gregory Laurent multiplie les contacts et les initiatives, conscient que la prochaine édition de la grand-messe du livre, c’est demain. "Le choix du successeur n’a souffert d’aucune contestation", résume Hervé Gérard, président du conseil d’administration de la Foire du livre. Qui ne tarit pas d’éloges à son égard : "Il est la bonne personne, de par son parcours, sa jeunesse, son dynamisme, son efficacité, son sens de la communication. J’apprécie en lui le côté spontané de l’artiste et le côté organisé du chef d’entreprise." Celui qui est arrivé dans l’équipe il y a deux ans, à travers des clips assurant la promotion de la Foire du livre, en est aujourd’hui le "coordinateur général" - appellation préférée à la précédente, "commissaire générale", pour son côté fédérateur. Il n’a d’ailleurs pas tardé à constituer son équipe (quatre permanents et une dizaine de collaborateurs), qui mêle anciennes et nouvelles têtes.
Parcours impressionnant
A trente et un ans, Gregory Laurent affiche un curriculum vitae impressionnant. Cet echte Brusseleir (ce qu’il revendique fièrement) né à Gand est diplômé de l’Université libre de Bruxelles (relations internationales et arts du spectacle) et du Conservatoire de Bruxelles. C’est à l’université qu’il a découvert le théâtre et commencé à œuvrer à la promotion de la culture auprès des jeunes. Encore étudiant mais déjà militant, il s’est investi dans la mise sur pied du festival "Théâtre ouvert de Bruxelles", l’animation de l’émission "Campus les Arts", la création de l’Opac (Organisation et promotion des arts et de la culture) et l’installation d’un centre culturel éphémère dans l’espace Delvaux. Cette énergie et cet engagement l’ont mené au poste d’adjoint au recteur des affaires culturelles, qui était alors Philippe Vincke.
Est-il un grand lecteur ? "Le temps me manque", concède cet admirateur des dramaturges Bertolt Brecht et Anton Tchekhov et amateur d’essais politiques et historiques qui a déjà foulé les planches (au Varia, au Théâtre des Martyrs et à la Comédie Claude Volter notamment), écrit des pièces et développe un projet théâtral qui devrait être présenté à l’horizon 2017.
Sur les circonstances du départ d’Ana Garcia, il préfère ne pas s’exprimer. " The show must go on a toujours été ma philosophie", se défend-il. Le nouveau visage de la Foire du livre de Bruxelles tient à chacun des termes de cette manifestation. Il aime le terme "Foire" - pour son côté historique (plus ancien que "Salon") qu’il raccroche à la Foire de Francfort et à la Boekenbeurs. Le livre, "c’est son ADN", selon une formule qu’il reprend à Ana Garcia. Quant à Bruxelles, Gregory Laurent la voit comme "une région, un pôle européen riche d’échanges et de culture". Pour avoir travaillé chez Visit Bruxelles, il aura à cœur de développer cette dimension et ambitionne "de vendre le côté international" de la capitale belge lors de la prochaine Foire, qui se déroulera du 18 au 22 février 2016.
Un roi du jeu de mots
Le défi qu’il a accepté de relever n’est pas mince, il en est conscient. Mais le comédien en lui a plus d’un atout, dont le maniement de l’art de la décompression. "C’est le roi du jeu de mots", observe Laura Blanco Suarez, qui travaille à ses côtés. "Entre deux réunions, il lui est arrivé de se lancer dans une petite impro autour de cinq mots qu’il nous demandait de trouver. Pour atténuer le stress." De plus, "c’est quelqu’un d’ultra-positif. Avec lui, il n’y a jamais de problèmes, rien que des solutions. La bonne humeur et le plaisir au travail comptent pour lui. Et il sait le communiquer". Et de conclure : "Ce n’est pas un hasard si le thème choisi pour la prochaine édition est ‘Le bonheur est à la page’."
Un autre élan pour de nouvelles ambitions
Redynamiser la Foire du livre : telle était la principale ambition du conseil d’administration en nommant Gregory Laurent coordinateur général. C’est donc lui qui succède à Ana Garcia. De nombreuses pistes sont déjà en chantier pour donner un nouvel élan à l’événement. Concernant la programmation et l’organisation, le coordinateur entend procéder entre renouveau et continuité. Du 18 au 22 février 2016, cette 46e édition s’articulera autour du thème "Le bonheur est à la page" qui sera décliné en de multiples facettes (littérature, philosophie, jeunesse, psychologie, sociologie, développement personnel, choix sociétaux…). Les grands espaces de rendez-vous seront conservés, mais sous de nouveaux noms et dans de nouveaux habillages. Ainsi du Quartier BD - il sera agrandi pour abriter la Comix Factory, l’atelier Bédébinaire et l’Imaginarium, qui fera l’objet d’une scénographie revisitée et devrait s’offrir une autre appellation. Un Quartier de l’Europe sera créé, qui s’appuiera sur les aspects littéraires, économiques, politiques, scientifiques ou sociétaux de notre continent. Ce nouvel espace permettra d’aborder les sujets d’actualité (sort de la Grèce et crise des réfugiés notamment) et de mettre en valeur la diversité culturelle européenne. D’autres Quartiers seront aussi proposés : le Quartier Web (anciennement Pôle numérique), le Quartier jeunesse et le Quartier des gourmandises (anciennement Palais gourmand). Enfin, un théâtre devrait voir le jour, qui accueillera dans un confort inédit des rencontres et, nouveauté, des lectures.
La gratuité en marche
Alors que les dernières éditions de la Foire du livre de Bruxelles attiraient quelque 70 000 visiteurs, celle de 2015 avait connu une baisse de fréquentation de 10 %. Si la renommée des têtes d’affiche (dont on ne sait encore rien) a un rôle indéniable en la matière, plusieurs mesures ont aussi été décidées pour attirer les lecteurs et les curieux. En ce sens, les changements concernant l’accessibilité devraient en ravir plus d’un. La gratuité sera offerte aux enseignants (détenteurs de la carte "Prof") et aux enfants de moins de douze ans accompagnés d’un parent (hors groupes scolaires). Pour les 17-25 qui possèdent une carte d’étudiant, une place achetée donnera droit à une place offerte. Quant à la journée du lundi 22 février, consacrée aux professionnels de l’édition, elle ouvrira gracieusement ses portes aux libraires et aux bibliothécaires. Enfin, dans la perspective de développer la dimension internationale de l’événement, les touristes seront ciblés. Il n’est pas impossible que Manneken-Pis soit sollicité pour, le temps de la Foire, se mettre lui aussi à la lecture…