Une Belgique en mosaïque dans un dictionnaire
La Belgique sentimentale et buissonnière composée par Jean-Baptiste Baronian.
Publié le 09-10-2015 à 14h08 - Mis à jour le 12-10-2015 à 12h24
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La Belgique sentimentale et buissonnière composée par Jean-Baptiste Baronian.Un "Dictionnaire amoureux" de la Belgique s’imposait dans une collection qui compte déjà 72 volumes, de la Grèce à la Chine, de l’opéra au catholicisme, du vin aux chats, de Naples au rugby. Il s’est trouvé que Jean-Baptiste Baronian n’en avait pas seulement le désir mais la capacité, vu la diversité de ses curiosités, l’étendue de son érudition, la qualité de son écriture et la bonhomie de ses jugements. Mais quelle est sa Belgique ? "Une Belgique sentimentale et buissonnière… les multiples états d’un pays souverainement sans pareil."
Né à Anvers de parents francophones, Bruxellois dès sa jeunesse, directeur de collections chez Marabout à Verviers, chroniqueur de romans policiers et de bibliophilie dans un mensuel français, auteur depuis 1972 de plus de 30 romans dont nombre de policiers, d’une vingtaine d’anthologies, d’un "Panorama de la littérature fantastique de langue française" aussi bien que d’un "Dictionnaire Rimbaud", président de la Société des amis de Georges Simenon, membre de notre Académie royale de langue et de littérature françaises, Baronian fait cette fois feu des quatre fers, passant d’Adamo à Eugène Ysaÿe, et de Stromae à Marguerite Yourcenar.
Tout l’art et la manière de l’auteur de ce dictionnaire évidemment subjectif consistent à mêler un souvenir, une expérience personnelle à une information objective rigoureusement contrôlée. Le lire, c’est l’accompagner au Palais des Beaux-Arts en 1962 pour écouter Arthur Grumiaux dans le concerto pour violon de Mendelssohn ; dans une visite à Marcel Mariën, "surréaliste au sens le plus strict et le plus historique du terme" ; dans sa découverte à Dinant de la Maison de la Pataphonie (discipline consistant à faire des sons avec à peu près n’importe quoi), créée par Max Vandevorst, et où l’on peut voir notamment un "jantophone" réalisé à partir de jantes de vélo !
On y trouve de grands noms incontournables : de nos rois (mais traités bien superficiellement) à nos prix Nobel Christian de Duve, Ilya Prigogine ou Maurice Maeterlinck, à des artistes comme Rubens et Grétry, mais aussi Henri Pousseur, Philippe Boesmans ou Schuiten, sans oublier Bob et Bobette, "si omniprésents qu’ils font partie de l’identité nationale". On relèvera à ce propos l’attention de l’auteur à la Flandre, de Rik Van Looy au père Damien, l’apôtre des lépreux, du Collegium Vocale Gent à Louis Paul Boon qui est, à ses yeux, avec Paul Van Ostaijen et Hugo Claus, l’écrivain flamand le plus original et le plus célèbre du XXe siècle.
Si nos hommes politiques, de même que le théâtre et la danse, n’ont guère retenu l’attention de Baronian, on n’en dira pas autant du Tour des Flandres et du circuit de Francorchamps, du moto-cross et de Justine Henin. Ni de son appétence pour les moules et frites, les crevettes grises, les chicons et le waterzooi, ou pour nos bières, aux noms si savoureux, de la Cuvée de la Pucelette à la Cochonnnette et à la Bissounette. Bref, pour ce dont se régalent les Belges, et pas seulement les jours de fête.
Puisse ce rapide parcours à travers la Belgique de Jean-Baptiste Baronian mettre l’eau à la bouche du lecteur, même s’il ne partagera pas forcément tous ses jugements.
Dictionnaire amoureux de la Belgique Jean-Baptiste Baronian Plon 782 pp., env. 25 €