La longue agonie de Rome
Les sacs des barbares n’ont pas causé mais accéléré le déclin.
Publié le 26-10-2015 à 14h17
Les sacs des barbares n’ont pas causé mais accéléré le déclin.Rome ne s’est pas défaite en un jour : on le savait. Si le pillage de la ville par les Wisigoths d’Alaric, en 410, apparaît comme un tournant, il s’écoule encore deux tiers de siècle avant la déposition du dernier empereur en 476. Et si ces sacs - il y en eut d’autres, en amont et en aval - ont accéléré le déclin, ils n’en furent pas la cause. "La transformation était inéluctable, écrit Umberto Roberto, mais chacun des coups qu’ils ont successivement portés a accéléré ce processus".
Août 410, juin 455, juillet 472 constituent le cœur de l’ouvrage du professeur à l’Université européenne de Rome, qui remonte aussi pro memoria aux dévastations commises par les Sénons de Brennus dès 386 av. J-C - un traumatisme durable - et prolonge post mortem jusqu’à la déferlante des Ostrogoths, en 546, "dans une ville presque déserte et meurtrie par des années d’épreuve". Un petit dernier pour la route ? Le chapitre final évoque le sac de 1527, décidé par Charles Quint, et les souvenirs qu’il réveilla.
Ces événements traités en profondeur, de leurs origines à leur portée et à la lumière des derniers apports archéologiques, donnent tout leur prix à cet ouvrage, mais ils limitent son propos. Il ne s’agit que des infortunes de la capitale et non pas, comme ce fut le cas pour la grande exposition dont Umberto Roberto fut un des artisans à Venise puis à Bonn (LLB, 22/9/2008), d’un panorama de la lente pénétration, tantôt pacifique, tantôt belliqueuse, des peuples germaniques dans l’Empire romain d’Occident. L’avantage de la démarche est de rétablir un certain équilibre face aux lectures qui privilégient l’idée d’une transition progressive. Parler de "migrations" plutôt que d’"invasions" ne doit pas conduire à gommer les événements violents qui marquèrent la fin de l’Antiquité.
Rome face aux barbares Umberto Roberto traduit de l’italien par Yann Rivière Seuil 443 pp., env. 24 €