Le "Poche" de la semaine : Philippe Labro, "On a tiré sur le Président"

Dans ce récit remarquable, revivent des moments stupéfiants - comme le seront ceux du 11 septembre 2001. Ainsi, Labro rencontra-t-il Jack Ruby juste avant que celui-ci, sous l’œil des caméras, n’abatte l’assassin présumé de JFK, Lee Harvey Oswald.

Francis Matthys
Le "Poche" de la semaine : Philippe Labro, "On a tiré sur le Président"
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Chaque vendredi, La Libre sélectionne un livre paru en format "Poche" et vous en propose la critique.

Si par hasard vous sortiez de l’haletant "JFK. Le dernier jour" de François Forestier (cf. "Lire" du 28 octobre 2013), c’est une évocation d’un coloris infiniment plus nuancé qu’offre Philippe Labro dans "On a tiré sur le Président", titre qui reprend le cri d’un étudiant que, sur le campus de Yale, vit s’élancer vers lui le journaliste/écrivain (né à Montauban le 27 août 1936) qui, en ce 22 novembre 1963, se trouvait en reportage sur la côte Est, dans le Connecticut.

Un demi-siècle plus tard, ce The President has been shot ! résonne toujours dans les oreilles de l’auteur de "Tomber sept fois, se relever huit" : cri d’un jeune Américain abasourdi par l’incroyable info que répandaient soudain radios et télés. Dans les heures qui suivirent l’attentat, le futur réalisateur de "L’Héritier" prit à New York le premier avion pour Dallas afin d’y couvrir l’événement pour "France-Soir".

Dans ce récit remarquable (pour lequel Labro s’est référé à ses notes des années 60-70), revivent des moments stupéfiants - comme le seront ceux du 11 septembre 2001. Ainsi, Labro rencontra-t-il Jack Ruby juste avant que celui-ci, sous l’œil des caméras, n’abatte l’assassin présumé de JFK, Lee Harvey Oswald. "J’ai connu les flics, la presse, la confusion, le Texas, les mystères", résume-t-il. Parlant de JFK, Labro note que la liste de ses femmes et conquêtes "est si longue que la dimension de ce livre n’y suffirait pas." Ce qui n’empêchera pas son ancien attaché de presse, Pierre Salinger, de dire : "Si l’on veut comprendre Kennedy, il faut savoir qu’il n’a pas passé une seule journée de sa vie sans souffrir." Pour Labro, il y a deux vérités : "c’était un homme d’une immense complexité. C’était un homme qui avait valsé avec la mort." Et qui dama le pion à Nikita Khrouchtchev en octobre 1962, dans la crise de Cuba. Un ouvrage excellent, qui s’ajoute à cent autres inspirés par un homme entré de son vivant dans la légende. Et dont l’assassinat renforça la légende.

Philippe Labro, On a tiré sur le Président, Folio, 304 pp.

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