Le "Poche" de la semaine : "Le Japon d'Amélie"
Proposé en version collector à l'occasion des fêtes de fin d'années, "Le Japon d'Amélie" reprend sous un joli coffret en plastic et dans un volume dépouillé à la reliure apparente les cinq romans retraçant la relation particulière entre Amélie Nothomb et le Japon.
Publié le 11-12-2015 à 09h21 - Mis à jour le 11-12-2015 à 10h15
Chaque vendredi, La Libre sélectionne un livre paru en format "Poche" et vous en propose la critique.
Proposé en version collector à l'occasion des fêtes de fin d'années, "Le Japon d'Amélie" reprend sous un joli coffret en plastic et dans un volume dépouillé à la reliure apparente les cinq romans retraçant la relation particulière entre Amélie Nothomb et le Japon: "Stupeur et tremblements", "Métaphysique des tubes", "Ni d'Eve ni d'Adam", "Les myrtilles" et "La nostalgie heureuse". Ce dernier titre n’est pas un roman même si c’était écrit comme ça sur la couverture. L’écrivaine belge aux drôles de chapeaux nous offre là plutôt son journal de bord, ses réflexions, lors du voyage qu’elle effectua au Japon au printemps 2012 (elle a alors 44 ans) pour un documentaire sur ses origines réalisé par France 5. Ceux qui ont vu ce beau film, émouvant et simple, en retrouveront l’atmosphère dans ce livre.
Entre Amélie Nothomb et le Japon, il y a une longue histoire d’amour. Elle y a vécu ses cinq premières années, quand son père, Patrick Nothomb, y était diplomate. C’est au Japon que se passent plusieurs romans comme "Stupeur et tremblements" et "Ni d’Eve ni d’Adam" où elle évoque son amour de jeunesse pour Rinri.
Elle n’avait plus revu le Japon depuis quinze ans. Dans "La nostalgie heureuse", elle nous entraîne dans ses bagages. Elle retrouve sa nourrice, Nishio-san, devenue si vieille. Un beau moment d’émotion intérieure. "Je suis la fille de Nishio-san", écrit-elle. Elle revoit son quartier à Kobe, là où un tremblement de terre a, depuis, tout détruit. Emue, elle ne parvient qu’à dire ridiculement : "les caniveaux et les égouts n’ont pas changé". Elle évoque Fukushima, ce désastre dû à l’homme, ce tremblement qui correspond à son tremblement intérieur quand elle retrouve le Japon. Elle écrit d’ailleurs, à un moment, qu’en retrouvant Nishio-san, toutes les deux "tremblaient comme des réacteurs". Elle revoit aussi Rinri, devenu un cadre important.
Un livre humain, sans forfanterie ni délire, une petite chose mais juste. Comme si dans la crise de la mi-vie, Amélie Nothomb avait besoin de souffler et de retrouver ce qu’elle appelle "la nostalgie heureuse". Rinri lui avait dit en partant : "A présent, il va falloir être heureuse". Elle avait murmuré en elle : "Désormais, il ne faut pas être heureuse".
"Le Japon d'Amélie", Le Livre de Poche, 568 pp., env. 16,20 €