La bande dessinée, peu innovante en 2015
Le nombre de titres édités stagne. Un peu plus du quart sont des créations pures.
Publié le 29-12-2015 à 16h43 - Mis à jour le 30-12-2015 à 10h42
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Le secteur de l’édition de bandes dessinées aura connu un léger tassement en 2015, avec 5 255 titres publiés sur le marché francophone, soit un retrait de 2,9 % par rapport à l’année précédente. C’est n’est que la deuxième fois en dix-sept ans que la production marque le pas, souligne Gilles Ratier, dans l’annuel rapport de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD).
Ce léger recul s’inscrit évidemment dans un contexte économique toujours incertain. Il survient aussi au terme d’une année qui avait tragiquement débuté par la disparition de cinq dessinateurs de "Charlie Hebdo", parmi les victimes des attentats de Paris, le 7 janvier.
Valeurs sûres
Comme dans les autres arts populaires, que sont le cinéma ou la musique, les cadres et responsables des grands groupes privilégient les valeurs sûres et établies, au détriment de la création strictement originales. Parmi les 5 255 titres édités en 2015, seulement un peu plus d’un quart - 1 421 titres - sont de véritables créations de bandes dessinées francophones. Le reste est constitué de suites, des rééditions et compilations ou des traductions de productions non francophones. Emblématique de ce phénomène, le trente-sixième Astérix, signé Didier Conrad et Jean-Yves Ferri a été tiré à plus de 2,25 millions d’exemplaires. Les cinq plus gros tirages de l’année sont tous des suites de séries établies de longue date (Titeuf, Le Chat, Largo Winch) et de reprises de classiques par de nouveaux auteurs ( Astérix , Corto Maltese).
Cette relative frilosité créative est probablement renforcée par la structuration du marché, qui reste largement dominé par trois grands groupes d’édition : Média-Participations, Delcourt et Glénat qui totalisent à eux seuls quelque 35 % de la production. Le premier groupe chapeaute dix-huit maisons d’édition, dont les historiques Dargaud, Dupuis et Lombard, ou encore Kana, dévolue aux bandes dessinées asiatiques.
Ces dernières demeurent le fer de lance des traductions et un marché de niche porteur : 1 501 mangas japonais, manhwas coréens ou manhuas chinois ont été édités en 2015 - plus que de pures nouveautés franco-belges.
Numérique marginal
La dimension timorée du secteur se traduit aussi par la quasi-atonie du marché de la bande dessinée numérique, dont la part - tout juste supérieure à 1 % - demeure marginale alors que les contenus digitaux explosent dans tous les autres secteurs.
On peut y voir une conséquence de l’absence de réelle utilisation innovante du format et la simple transposition sur écrans mobiles de contenus conçus pour les supports traditionnels. L’ouverture annoncée en 2016 de l’institut de création transmédia R/O (lire "La Libre Belgique" du 23/12) initié par Média-Participations pourrait à terme modifier ce schéma - mais ses effets sur la création et la production ne seront probablement pas perceptibles avant plusieurs années.A.Lo.