Architecture Now vol. 10: de grands architectes et d'humbles toilettes
Le dixième volume d’Architecture Now ! présente 70 projets marquants et récents.
Publié le 03-01-2016 à 16h55 - Mis à jour le 04-01-2016 à 16h01
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Le dixième volume d’Architecture Now ! présente70 projets marquants et récents.Depuis 2001, les éditions Taschen et leur spécialiste en architecture Philip Jodidio, publient quasi chaque année un bilan des meilleures plus récentes réalisations dans le monde. Le volume 10 vient de paraître et est à nouveau une image aussi de l’évolution de nos sociétés.
On y retrouve certes des noms déjà présents il y a 14 ans, preuve que les grands savent se renouveler : Tadao Ando, Zaha Hadid, Herzog de Meuron, Richard Meier, Eduardo Souto de Moura, Christian de Portzamparc.
Pour le reste, ce volume très illustré, avec 70 réalisations (aucune de Belge ou en Belgique), montre deux caractéristiques récentes : la mondialisation de l’architecture d’abord. Fini le temps où USA-Japon-Europe donnaient seuls le ton. Il faut aller maintenant aussi en Amérique du Sud (c’est le Chilien Alejandro Aravena qui dirigera la Biennale architecture de Venise cet été). L’attribution en 2012 du prix Pritzker au Chinois Wang Shu en était le signal le plus visible. Wang Shu né près du désert de Gobi et qui se réfère à l’histoire chinoise plus qu’au Corbusier.
L’autre caractéristique est l’étendue que prend le concept d’architecture. On y trouve à nouveau d’immenses projets, mégalos, preuve que la crise de 2008 est déjà oubliée comme les 265 000 m2 de la Bourse de Shenzhen construits par Rem Koolhaas (bureau OMA). On retrouve l’argent pour les projets emblématiques des "starchitectes" avec la tour en obus de Jean Nouvel à Doha et celle de de Portzamparc dans l’allée des milliardaires à New York.
Tapis volants
Mais on y trouve aussi des choses tout humbles réalisées pourtant par les plus grands. Le plus surprenant ce sont les toilettes publiques de Sou Fujimoto à Chiba au Japon. Des toilettes individuelles dans une boîte entièrement vitrée placée au milieu d’un jardin ceinturé par une palissade. On peut s’y rendre et admirer en même temps les cerisiers en fleurs. Sou Fujimoto qui réalisa en 2013 comme une toile d’araignée transparente pour le pavillon Serpentine à Londres.
Etonnant aussi de simplicité, le petit pavillon de Ryue Nishizawa (agence Sanaa), près d’un temple à Kagawa au Japon : juste deux plaques ondulantes comme des tapis volants qui semblent suspendus dans les airs. Entre les deux, un espace pour une plaine de jeu. C’était déjà lui qui a construit ce que les architectes considèrent comme le plus beau musée du monde, au sommet de l’île de Teshima au Japon, déposé tel une grande goutte de béton blanc ouverte sur le ciel. A l’intérieur, rien en apparence que le vide et la blancheur, mais on découvre alors l’oeuvre d’un artiste : des gouttes d’eau qui sourdent du sol et qu’on observe se coagulant peu à peu.
Sa collège de Sanaa, Kazuyo Sejima, pourtant prix Pritzker, auteur du Louvre Lens et célébrée partout, peut aussi faire de micro-projets comme ces dix petites maisons de verre et toits obliques de Kyoto que nous avons admirés en septembre.
Ecoles sur l’eau
L’architecture récente, c’est aussi le projet d’écoles sur l’eau en matériaux pauvres du Nigérian Kunlé Adeyemi (bureau NLE) pour Lagos. On remarquera qu’il sort d’OMA et que donc, le bureau de Rem Koolhaas peut donner dans la "star" comme dans la "micro" architecture. Il faut aussi aller en Antarctique où le Belge Philippe Samyn a déjà innové avec la station belge, et où on évoque la station évolutive d’Hugh Broughton.
Dans les évolutions marquantes, il y a encore le rôle des nouvelles technologies qui permettent une architecture aux formes organiques, comme l’étrange tuyau du Frac d’Orléans de Jacob + MacFarlane.
Il y a enfin le lien devenu très étroit entre art et architecture. L’un peut influencer l’autre (Daniel Buren qui sera ce printemps à Bozar), mais artiste et architecte peuvent collaborer comme le montre la salle de concert construite au Japon par Arata Isozaki dans une structure gonflable d’Anish Kapoor. Ou cet humble projet des Hollandais de RAAF qui ont coupé un vieux bunker en deux pour y faire passer un chemin vers la mer, rappelant les interventions de Gordon Matta Clark dans les années 70.
-> Architecture Now vol. 10, commentaires de Philip Jodidio, Taschen, 496 pp., 29,99 €.


