Yasmina Khadra et le versant chaud de La Havane
Don Fuego peut-il retrouver une nouvelle jeunesse avec la belle et dangereuse Mayensi ?
Publié le 07-09-2016 à 12h03 - Mis à jour le 22-09-2020 à 17h01
Don Fuego peut-il retrouver une nouvelle jeunesse avec la belle et dangereuse Mayensi ? "Dieu n’habite pas La Havane", le nouveau roman de Yasmina Khadra, n’a pas la force de son précédent, "Les derniers jours du Raïs", mais comme toujours avec lui, il se lit avec facilité. Il a choisi cette fois de traverser l’océan pour nous plonger dans le Cuba de la transition difficile vers le capitalisme.
"Don Fuego" est chanteur au Buena Vista. C’est son surnom car il met le feu au public. Mais il est congédié : trop vieux (près de 60 ans) et la boîte est privatisée. Le crooner latino ne veut pas se laisser abattre et chasse le cachet en retombant dans le Cuba de la rue, plein d’exotisme mais aussi de misère au quotidien. De plus, il a divorcé, doit habiter chez sa sœur et son fils veut émigrer.
Le roman est baigné de musique mais ne démarre vraiment qu’en seconde partie quand Don Fuego rencontre la jeune Mayensi, à la beauté fatale (la bien nommée !). Elle a à peine vingt ans, mais il en tombe éperdument amoureux. Elle est pour lui, une chance de retrouver sa jeunesse perdue. Mais qui est-elle au juste ? Pourquoi reste-t-elle si mystérieuse ? Yasmina Khadra arrive alors à tisser une intrigue qui nous tient en haleine. Avant cela, on restait un peu étranger à cette histoire et le style habituel de Khadra, fait de tant de métaphores successives, style qui fait son charme et sa faiblesse, semblait alors souvent pesant ("le ciel s’est ecchymosé", et "des dignitaires délestant le ciel de ses étoiles pour en garnir leurs galons").
La morale du roman est fataliste. Il ne faut pas vouloir retrouver son Cuba d’antan et sa jeunesse perdue. Le bonheur n’est-il pas de prendre "les choses comme elles viennent" et de "renoncer à nager à contre-courant de ce que je ne peux surmonter" ? Dieu n’habite pas La Havane et le bonheur est dans l’immédiat.
"Dieu n’habite pas La Havane", Yasmina Khadra, Julliard, 295 pp., env. 18 €