L'insolente Babette Cole a filé trop vite

Laurence Bertels
L'insolente Babette Cole a filé trop vite
©DR

L'auteure de « La princesse Finemouche », s'est éteinte à l'âge 67 ans. Son insolence nous manquera. Tout comme son humour décapant, son trait délirant, son point de vue revigorant, nourri entre autres par ses années de pratique à la BBC pour travailler sur des programmes pour enfants tels que "Bagpuss".

Admise récemment à l’hôpital pour un pneumothorax, l’auteure et illustratrice jeunesse Babette Cole est décédée le 15 janvier. Elle était née le 10 septembre 1949 sur l’île de Jersey.

Elle fait sa grande entrée en littérature jeunesse en 1986 avec «La princesse Finemouche», un album qui fera date tant il bouscule les codes avec cette héroïne anticonformiste qui n’a pas envie de se marier ou de porter de belles robes. Depuis, elle a signé cent cinquante livres.

Grande signature de la littérature jeunesse, parfois controversée, toujours animée par une énergie décalée et vivifiante, elle aimait croquer des personnages aux joues rosies, yeux arrondis, doigts anguleux et couronnes de pacotille. Mais aussi mêler les humains et les animaux pour rappeler la faiblesse des premiers et la puissance des derniers. Cela n'empêche pas Princesse Finemouche, célèbre héroïne de l'auteur, de rêver un jour d'un bébé. «Alors que sa mère tricote une oeuvre d'art contemporain, la voilà chargée de préparer de la gelée de baies royales pour le buffet du vernissage. Tout un programme. Une mauvaise communication modifiera le cours de l'histoire et surgira de la préparation un bébé bien portant et plutôt insolent. Pleine de rebondissements, la suite est à découvrir, détails à l'appui, au fil de doubles pages drôles et délirantes dans un livre dont les enfants raffoleront. Avec raison. » écrivions-nous à l'époque.

La fertilité, donc, («Comment on fait les bébés ?», Seuil Jeunesse), le divorce (« Le dé-mariage », Seuil Jeunesse), ou la famille («J’ai un problème avec ma mère », Gallimard Jeunesse) sont autant de thèmes qui lui étaient chers et traités avec une vivacité, une nervosité de trait qui se reconnaissait au premier coup d'oeil. «Vue sous le trait décapant de Babette Cole, vieille routarde, si l'on ose dire, de la littérature jeunesse, la mère ne pouvait être épargnée. La voici en effet occupée, peu sexy et surtout peu loquace quant à certains points: le rôle du nombril, la différence entre les filles et les garçons, le dentier des adultes, les galipettes des jeunes parents, l'amour entre deux femmes ou entre deux hommes. Parlera-t-elle le moment venu? Pas sûr.»

Sous la forme d'un clin d'oeil à certaines priorités déplacées de l'éducation, Babette Cole aimait aussi évoquer de grandes questions avec humour et faux détachement, ne faisant cependant pas l'économie de détails croustillants. Un sacré bout de femme s'en est allée.

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