Dany Cohn-Bendit, gamin retrouvé
Publié le 16-05-2018 à 15h32
Souvenirs intacts d’un enfant de la balle qui voit l’avenir au féminin.Valeureux responsable de la police parisienne pendant l’effervescence estudiantine de mai 1968, le préfet Maurice Grimaud avait rendu hommage, après coup, à Daniel Cohn-Bendit, chef de file de la contestation, grâce à qui jamais le printemps historique n’a mortellement dégénéré. Tout libertaire qu’il fût, "Dany" était un bon capitaine d’équipe. Il en avait appris les bases autour des terrains de football (le Stade de Reims, le Racing de Paris, l’AS Saint-Etienne), une passion d’enfance dont il n’est pas guéri, au contraire, à près de 73 ans.
D’origine juive berlinoise, Cohn-Bendit, réadmis en France sous Giscard après en avoir été expulsé en 68, a gardé intacte sa mémoire du football d’après-guerre. Conscient de la rémanence, quasi phobique et irrationnelle, d’un "antigermanisme primaire" en ce qui regarde le sport. Bien qu’attaché viscéralement à l’Eintracht Francfort, l’ancien leader rebelle voue une admiration sans bornes aux Kopa, Puskas ou Pelé de sa jeunesse, puis plus tard aux Cruijff, Netzer, Platini, Rocheteau ou Maradona qui le firent rêver en ses mûres années.
S’il ne goûte pas particulièrement l’exaspérante machine de jeu allemande, il n’apprécie pas davantage le"catenaccio" étriqué du "football de droite" italien. Ni trop non plus le "kick and rush" anglais. Il aime en revanche les grandes équipes généreuses, le Brésil des Garrincha, Pelé, Zico ou Socrates, ou les Hollandais volants des années 1970, les Cruijff, Neeskens, Rep ou Rensenbrink qui perdirent l’immanquable finale de Munich en 1974 contre l’Allemagne de Beckenbauer alors qu’ils volaient par-dessus l’Europe, cheveux au vent, avec l’Ajax Amsterdam. C’était le football de mouvement total, "prolongement d’une première agitation socioculturelle apparue avec la pop anglaise au début des sixties".
Sous les crampons… la plage. Foot et politique : mes deux passions Daniel Cohn-Bendit, avec Patrick Lemoine Robert Laffont 244 pp., env. 21,70 €