La terre promise, c’est ici !
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Publié le 04-06-2018 à 15h14 - Mis à jour le 05-06-2018 à 07h40
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"Terres promises", un délicieux petit roman de Milena Agus. L’auteure y raconte une saga familiale où chacun cherche son bonheur.Depuis ce pur bijou que fut "Mal de pierres", son premier roman sorti il y a dix ans, on retrouve toujours avec bonheur les petits romans plus ou moins réussis de Milena Agus. Son nouveau, le septième déjà, est un bon numéro qui nous plonge dans l’imaginaire de ses personnages, cette douce folie qui peut s’insinuer dans les rocs de Sardaigne, pénétrer dans les grands murs de granit, fissurer les certitudes morales et sociales. Milena Agus joue à merveille avec l’écriture pour nous plonger à l’intérieur des êtres, là où la douleur de vivre côtoie l’espérance, là où la nostalgie et la mélancolie sont aussi un peu de bonheur. Comme dans tous ses livres, la passion est intérieure et mystérieuse. Et l’imaginaire sort gagnant, y compris pour le plaisir du lecteur.
Dans cette saga familiale s’étalant sur trois générations, chacun rêve de sa terre promise et le malheur est qu’elles sont toutes différentes, voire incompatibles, faisant éclater les couples. On pense à Pascal qui disait que "Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos".
Il y a d’abord Raffaele, paysan sarde qui, au lendemain de la guerre, rêve d’aller sur le continent à Gênes, son eldorado. Il est amoureux d’Ester mais quand celle-ci vient le rejoindre, elle rêve vite de retourner sur l’île. Ils avaient rêvé pour leur fille Felicita d’un mariage avec le riche héritier local mais elle a comme terre promise le communisme. Felicita est la bonne fée du roman, une vraie gentille qui a comme devise "les gentils ne sont pas des perdants".
Elle-même met au monde Gregorio, garçon étrange mais qui a le don de la musique et rêve de Harlem comme terre promise pour y jouer du jazz au piano.
"Terres promises" où le "s" est primordial, est d’abord une belle histoire de gens légèrement décalés, d’antihéros aux cœurs à vif, avec une morale : "la terre promise n’existe pas, c’est un leurre".
En exergue de son roman, Milena Agus reprend la délicieuse histoire d’Amos Oz dans "Judas" racontant que les Croisés, fatigués de voyager vers Jérusalem, découvrirent une petite oasis divine et décidèrent qu’elle s’appellerait Jérusalem et qu’ils resteraient là.
Dans le roman, les héros découvrent que "la terre promise somme toute n’est pas si éloignée de l’endroit où on passe sa vie".
"Terres promises", Milena Agus, traduit de l’italien par Marianne Faurobert Liana Levi 176 pp., env. 15 €