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Un beau roman de l’Américaine Julie Cohen, enfin traduite en français.Jeune universitaire américaine, auteure de trois précédents romans, tous best-sellers aux Etats-Unis, et traduits dans une quinzaine de langues, Julie Cohen, vient d’être publiée pour la première fois en français, avec "Les inséparables", un titre qui peut augurer du pire comme du meilleur, une histoire d’amour, grande et contrariée, qui peut emporter ou pécher par excès de sensiblerie. Mais la photo est là, rétro, en noir et blanc, de ce couple enlacé, sur le bandeau de couverture, qui attire et appelle à plus de curiosité, à feuilleter ces premières pages qui donnent le ton d’un roman, rassurent, en l’occurrence, et réjouissent. Car une voix émane d’emblée du récit de Julie Cohen, qui a grandi dans le Maine, où se situe une grande partie des "Inséparables", et qui a étudié la littérature anglaise à Brown University, puis à Cambridge, où se déroulent d’autres instants du récit.
L’auteure prend le temps d’installer un climat, invite le lecteur en bord de mer, glisse le bruit des vagues dans ses oreilles et caresse de ses mots l’intimité d’Emily et de Robbie, teintée d’une angoisse vite perceptible. L’histoire finira mal. Il ne faut pas être devin pour l’imaginer. Le couple vieillissant se trouve confronté aux distractions inquiétantes, à terre comme en mer, de Robbie. Le diagnostic ne tardera pas à tomber. Il est atteint de la maladie d’Alzheimer, celle que redoutent tant de personnes. Déjà attaché aux personnages, on poursuit la lecture qui, malgré l’alerte, ne racontera pas la dégénérescence, l’inexorable déchéance, mais remontera le fil de leur vie, en jouant sur les chronologies, pour raconter l’histoire d’amants qui n’avaient pas le droit de s’aimer.
On découvrira, au cours du récit, tous les chapitres de leur romance, ce fils qui n’est pas le leur, cet autre que le destin leur renvoie, cette famille qu’Emily quittera, ces retrouvailles à Miami après une séparation brutale. Autant d’événements révélés en quatrième de couverture sans nuire au plaisir et surtout questionnement incessant d’une lecture qui emmène dans les méandres de la tragédie grecque.
Fidèle et confiante en son rythme d’écriture, Julie Cohen tient la barre, comme son héroïne, jusqu’à la dernière page, malgré une petite escale romantique lors de la rencontre improbable de Robbie, marin américain au long cours, et d’Emily, jeune fille rangée, étudiante britannique en médecine; les moments de bonheur étant sans doute plus difficiles à traduire que les chants désespérés. Seule réserve, minime, à cette grande histoire d’amour et de famille qui se savoure à sa juste valeur.
Les inséparables Julie Cohen traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Josette Chicheportiche Mercure de France, Bibliothèque étrangère 350 pp., env. 24 €