Au cœur du repaire d’Hitler
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- Publié le 19-06-2018 à 17h01
- Mis à jour le 10-11-2020 à 15h12
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Un formidable polar historique de Philip Kerr. Avec "Bleu de Prusse", le romancier qui vient de mourir éclaire le noyau du nazisme.L’écrivain britannique Philip Kerr est mort en mars à 62 ans. "Bleu de Prusse" fait regretter encore davantage son départ prématuré. La nouvelle enquête de Bernie Gunther est un formidable suspense au cœur de l’entourage d’Hitler, aussi passionnant à lire qu’éclairant sur le nazisme. Philip Kerr a déjà baladé son héros au travers de 13 romans, c’est un inspecteur de la Kripo (police criminelle allemande), un social-démocrate, antinazi convaincu, d’une extrême lucidité mais contraint de travailler pour les SS. Intuitif, Bernie Gunther est au service de la vérité, même dans un régime qui n’en veut pas.
Nous sommes en 1939, à la veille de la guerre en Pologne et un homme a été tué par un sniper sur le balcon du Berghof, le nid d’aigle d’Hitler en Bavière, près de Berchtesgaden. C’est "dramatique" qu’on puisse assassiner quelqu’un dans cette zone hyper protégée, surtout juste avant la venue d’Hitler qui vient y fêter ses 50 ans.
Heydrich, chef de toutes les polices, envoie sur place Bernie Gunther avec aussi, comme mission secrète, d’enquêter sur Martin Bormann, le tout puissant secrétaire particulier d’Hitler, l’homme de ses basses manœuvres. Bernie Gunther n’a qu’une semaine pour découvrir la vérité. Bourré d’amphétamines qu’on lui donne généreusement, il travaille 24h sur 24. Il découvre vite que l’homme assassiné, l’ingénieur Karl Flex, était haï de toute la région pour ses trafics et chantages, comme sont détestés Bormann et tout son entourage.
Dans cette course contre la montre, au cœur du repaire d’Hitler, sous la menace de Bormann, malgré les morts autour de lui, il doit tenter de percer la vérité. Mais celle-ci peut-elle être dite dans un univers aussi corrompu où tout est l’occasion d’extorsions, de magouilles, de rackets systématiques, de meurtres expéditifs, de déportations ? La vérité peut-elle exister dans un régime qui s’apprête à commettre les pires massacres (on croise le sinistre docteur Brandt, responsable de 70 000 euthanasies de malades mentaux) ?
Philip Kerr entremêle à cette enquête, la cavale de Bernie Gunther, 20 ans plus tard, poursuivi cette fois par la Stasi.
A la fin du roman, une note historique vient confirmer l’existence des protagonistes. Du très grand art.
Bleu de Prusse Philip Kerr traduit de l’anglais par Jean Esch Seuil 664 pp., env. 22,50 €