Marc Lévy : "Il faut parvenir à voir un être humain avant la couleur de sa peau"
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e31d5045-9f02-4cac-9d72-c6adea144293.png)
Publié le 20-06-2018 à 12h13 - Mis à jour le 23-03-2021 à 14h41
Dans un immeuble bien sous tous rapports, se croise une faune représentative du chaudron culturel qu’est New York. Il y a là un journaliste de Fox News, un comptable, un professeur et sa fille comédienne, clouée dans un fauteuil roulant, une veuve désargentée, etc. Et Deepak, le liftier, qui, les fait voyager entre les étages. Un homme arrivé d’Inde des décennies plus tôt, manipulant comme personne le capricieux ascenseur mécanique. Suite à un accident de son collègue de nuit, Deepak doit lui trouver un remplaçant. Et ce n’est pas l’arrivée de Sanji, son neveu débarqué de Mumbai, qui va l’aider dans sa tâche. Malgré des airs de comédie des années 50, "Une fille comme elle", le dernier en date des romans de Marc Lévy en dit long sur l’Amérique d’aujourd’hui, celle où l’écrivain a décidé de vivre. "Je pense que quand on aime, il faut être là quand ça ne va pas bien. Ce qui a été détruit depuis l’élection de Trump, c’est terrible. On a supprimé sept milliards d’aide à l’éducation des enfants les plus démunis."
Malgré le côté désuet et antique de l’ascenseur, vous ramenez le livre à des thématiques contemporaines… C’est encore une astuce ?
Oui, comme d’ailleurs la comédie est un moyen formidable pour parler de choses dramatiques. Le fil rouge de cette histoire, c’est la différence. Pas seulement celle de l’autre, mais notre propre différence et la perception qu’en aura la société. Les beautés du monde, ce sont les failles, les défauts, les aspérités. Il y a des handicaps qui sont durs à vivre physiquement, d’autres psychiquement et psychologiquement. Ce qui est important, c’est de mettre cette souffrance en perspective. Si vous parvenez à voir un être humain avant la couleur de la peau, vous n’êtes plus raciste.
C’est ce que font très bien les enfants…
Mais bien entendu. Il y a un truc qui se passe à la petite école, où tout va se jouer. Dans les écoles où on veut normaliser, on va chercher à gommer les différences. Et puis, vous avez un autre système éducatif qui propose d’embrasser la diversité du monde.
Dans ce livre, une solidarité va se créer entre tous ces gens. Donc, il y a de l’espoir !
C’est ce que j’y raconte : vous avez deux façons de gouverner. Ou on divise pour mieux régner, ou on dessine un projet de société. Tous ces gens, dans l’immeuble, à un moment, ont un projet et puis vont en avoir deux : permettre à Chloé d’aller à son rendez-vous et sauver Deepak d’une injustice. À partir du moment où ils ont un projet commun, ils gomment toutes leurs différences.
Une fille comme elle Marc Levy Robert Laffont 367 pp., 21,50 €