Parenthèse enchantée d’une femme larguée, avant la dure réalité
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Publié le 20-06-2018 à 09h07 - Mis à jour le 20-06-2018 à 15h45
Histoire de lui faire plaisir, une jeune femme assiste à une soirée où est célébrée la promotion professionnelle de son financier de mari. Entre canapés et champagne, une amie commune lui lance : "Tu te rends compte qu’il passe number two ?" La "femme de" comme la narratrice se qualifie se retient de dire : "Moi aussi, dans l’intimité, je suis passée number two". Elle préfère s’éclipser.
De retour chez elle, la voilà attirée par une petite annonce à côté des boîtes aux lettres : "Maison à louer bord de plage…" Ce petit subterfuge permet à Fred Paronuzzi (surtout connu en littérature jeunesse) de déployer son récit. Il envoie la bibliothécaire, et ses deux jeunes enfants Jules et Louise, prendre le train pour la mer. "Tu auras tout le temps de déménager tes affaires d’ici. Vers là-bas, chez elle" communique-t-elle, par téléphone, à son mari.
Cette petite maison de location va se révéler une parenthèse enchantée pour la jeune femme qui s’apprête à tout reprendre à zéro. Elle qui se décrivait comme fille obéissante, épouse attentive, mère raisonnable "avec, malgré cela, collée au ventre, la crainte de ne pas faire assez bien. Et l’envie, au fond, de faire autrement", va finalement arriver à rebondir. Dans ce petit village breton, elle est entourée de voisins bienveillants, qui la convient dès le premier jour "à prendre l’apéro vers 18 heures". Elle va faire la connaissance d’Alberto et de son compagnon Pierre, de Dimitri, leur fils, que Pierre a eu avec Mich, une prof de danse africaine. Au milieu de gens qui se sentent libres, de ses enfants pour qui la liberté est innée, elle aussi s’émancipe. Quelle différence entre Paris, où elle se sentait corsetée et la Bretagne, où elle a "troqué sa tenue de camouflage" !
Evidemment, à ce stade, Fred Paronuzzi ne manque pas d’agrémenter son histoire par une petite romance de derrière les fagots.
Si, dans la réalité, tout se passait vraiment comme il le narre, les séparations seraient tellement plus faciles à vivre ! Car, la narratrice vient de passer "trois jours hors du monde et les choses sérieuses, pénibles, convenues, et inutilement pesantes commenceront dès (le) retour, mais pour le moment on s’emmitoufle dans un cocon douillet…" Une parenthèse, écrivait-on…
Drôle d’endroit pour de la neige Fred Paronuzzi Editions Anne Carrière 116 pp., env. 14 €