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Hélène Delforge et Quentin Gréban signent un album somptueux qui se distingue en ce printemps.Bien sûr en tête des ventes lors de la fête des mères, mais d’une éternelle intemporalité, l’album "Maman" de Hélène Delforge et Quentin Gréban, paru chez Mijade, maison d’édition namuroise, se distingue en ce printemps. Par sa taille, son ampleur, la beauté de ses illustrations, son tempo et par les variations de tons au diapason avec les mères choisies, leur âge, leur origine, leur histoire. L’une, avec son air souriant et ses yeux bridés, semble venue de Mongolie, l’autre d’Afrique, avec sa peau noire, ses seins nus, ses colliers de cauris, coquillage signe de fertilité.
Cette troisième, voilée et protégée du mal, viendra du Maghreb. Celle-ci encore, enlacée sous un parapluie dans les rues de Chinatown, évoque le célèbre quartier new-yorkais.
Et l’on continue à feuilleter cet album, un tour du monde des mamans, au gré des tableaux évocateurs qui, tous, représentent un univers en soi, un pays, une époque, une féminité, une étape, aussi, dans la libération des femmes. Mais sans doute pas des mères. Est-on jamais libre dès que l’on a enfanté; dès que nos petits courent sur la terre les mille et un dangers qui les guettent ?
Si l’Américaine semble insouciante dans les bras de son aimé et la jeune hippie, lascive, sur le bord de la route, attendant qu’une voiture l’emmène "anywhere", pourvu qu’elle y trouve l’amour et la paix, si chers aux années soixante, la mondaine, elle, très Toulouse-Lautrec, laisse s’échapper un brin de tristesse derrière son air hautain et la Mongole s’endort épuisée, son bébé sur le dos.
Une ouvrière, une Indienne, une Africaine en fin de vie et le sosie de Marie-Antoinette s’immiscent dans cette succession de pages agrémentées des textes d’Hélène Delforge qui adapte sa voix en fonction des circonstances. A moins que ce ne soit l’inverse…
Toujours est-il que le lecteur passera de la comptine au poème, de la variation féminine du célèbre "Si" de Kipling - "Si tu sais écouter mais refuse de juger" - aux incipit liés aux premières fois, de la cuiller de miel aux pâquerettes, que partagent une mère et son enfant. Il saisira encore l’inquiète douceur d’une femme en danger, répétera la succession de conditionnels d’une amoureuse d’aujourd’hui - "Si je ne lui avais pas offert un coin de parapluie" - et passera des textes courts au langage châtié d’autrefois au fil de cette promenade littéraire et picturale qui raconte tant de maternités sous le crayon, les aquarelles somptueuses du talentueux Quentin Gréban, dont la délicatesse est reconnue dans le monde entier et qui s’est surpassé ici, rendant aux mères irremplaçables l’hommage mérité. Immense, infini, universel.
Maman Hélène Delforge et Quentin Gréban Mijade 68 pp., env. 20 €