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Tout en retenue, "Spinder" raconte une lutte fratricide sans merci. Un livre attachant et singulier qui dévoile peu à peu les raisons de la colère au sein d’une famille endeuillée, frappée par le mal-être et le silence.La tension ne tardera pas à être perceptible dans "Spinder", roman de l’auteur néerlandais Simon van der Geest, qui se met à hauteur d’enfants pour mieux dire leurs préoccupations et leur rapport au temps, si lent lorsqu’on a la vie devant soi…
Un livre attachant et singulier, illustré par les croquis expressifs de Karst-Janneke Rogaar et primé par le Gouden Griffel, un des prix de littérature jeunesse les plus prestigieux des Pays-Bas. Hidde, alias Spinder, se passionne pour les insectes. Il connaît le nom de chacun d’entre eux - de la casside dorée au scarabée rhinocéros - ainsi que leur mode de reproduction. Mieux encore, il les collectionne et les élève dans sa cave, ce lieu tant convoité, idéal pour ses activités et refuge inespéré pour l’écriture de son journal intime. Seulement voilà, son grand frère, Jeppe, peu commode, nourrit, lui aussi, des visées sur le sous-sol et voudrait reconsidérer l’accord scellé "in illo tempore". Il laisse quelques jours à Spinder pour lui céder le lieu afin qu’il puisse y jouer de la batterie avec son groupe.
Sous le même toit survit la maman fantôme, qui part tôt le matin et revient tard le soir, laissant ses deux fils en proie à une guerre interne dont elle ignore l’existence. Plane aussi le souvenir de Ward, dont on devinera, au nouveau costume acheté pour aller au cimetière, qu’il est le troisième fils de la fratrie. Les circonstances de son décès restent nébuleuses et ne sont guère étrangères au bras de fer des deux frères.
Puis, intervient Lieke, chère aux yeux de Spinder qui nourrit les chenilles de betteraves rouges pour lui offrir des papillons roses. Que ne ferait-on lorsqu’on a dix ans et qu’on est amoureux de la plus belle fille de l’école ? Jeppe, cependant, avance ses arguments pour squatter la cave. Le droit d’aînesse, mais aussi le groupe au sein duquel Lieke pourrait chanter. Spinder usera de nombreux subterfuges pour échapper au pire dans cette famille ordinaire, frappée par le mal-être et le silence, deux maux sournois qui rongent leur quotidien et alourdissent l’atmosphère.
Racontée avec pudeur et retenue, cette histoire de frères endeuillés, qui se drapent dans la haine pour cacher leur détresse, allie le suspense au réalisme et tient le jeune lecteur en haleine. Celui-ci s’identifiera probablement aux personnages, souffrira de l’enfermement familial et sera touché par les raisons de la colère.
Spinder Simon van der Geest et Karst-Janneke Rogaar traduit du néerlandais par Maurice Lomré La joie de lire 344 pp, env. 14,90 €. Dès 11 ans.