Concilier le souci du beau et du vrai
Publié le 26-06-2018 à 09h38
Flaubert, "créateur du roman moderne", préfacé par Michel Winock.L’historien Michel Winock ayant publié en 2013 un magistral "Flaubert" chez Gallimard, on ne s’étonne guère que "Bouquins" ait fait appel au lauréat du Goncourt de la biographie (pour "Madame de Staël" en 2010) afin de préfacer un choix d’œuvres du maître en qui l’éminent professeur voit le "créateur du roman moderne"; Alain Robbe-Grillet le plaçait d’ailleurs au faîte de ses admirations littéraires. Ce volume (qui ne contient pas le spectaculaire "Salammbô") réunit des pages qui montrent "à quel point l’exigence de l’écrivain lui imposait de concilier le souci du beau et du vrai dans le choix de ses personnages et l’analyse de leur caractère".
Gustave Flaubert naquit à Rouen le 12 décembre 1821; grand voyageur avant ses trente ans (visitant l’Egypte, la Palestine, la Syrie, l’Asie mineure, la Grèce et l’Italie), colossal épistolier, il s’éteignit à Croisset, le 8 mai 1880, terrassé par une hémorragie cérébrale. A l’affiche de ce volume, bien évidemment "Madame Bovary" - dont l’auteur et ses éditeurs subirent des poursuites judiciaires en 1857 pour "outrage à la morale publique et religieuse et outrage aux bonnes mœurs", la même année qu’était condamné Baudelaire pour quelques poèmes des "Fleurs du mal".
On (re) lira, ici aussi, "L’Education sentimentale" (dont Marcel Cravenne et François-Régis Bastide donnèrent en 1971 une émouvante adaptation pour la télévision, avec Françoise Fabian dans le rôle de Marie Arnoux); "Bouvard et Pécuchet"; le "Dictionnaire des idées reçues" et "Trois contes" ("Un cœur simple", "La Légende de saint Julien l’hospitalier", "Hérodias"). Rappelons qu’à Jean-Paul Sartre, Flaubert inspira "L’idiot de la famille", monument inachevé dont trois tomes parurent en 1971-1972. Si les fans de Flaubert sont légion, libre à nous de lui préférer, parmi ses pairs du XIXe, Hugo, Balzac, Stendhal, Dumas père ou Zola. Voire Eugène Sue ou Jules Verne.
Flaubert préface de M. Winock; notes par Brigitte Monglond Robert Laffont, coll. "Bouquins" 1162 pp., env. 30 €