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James Lee Burke replonge avec la famille Holland dans son Texas natal. "La Maison du soleil levant" a pour décor la fin de la conquête de l’Ouest.Avec James Lee Burke, rien n’est simple. A 78 ans - lors de l’écriture de ce roman; il en a 81 aujourd’hui -, l’écrivain revenait à ses origines. Doublement : "La Maison du soleil levant" se déroule dans son Texas natal et a pour figure centrale l’ancêtre homonyme d’Hackberry Holland, apparu dans "Dieux de la pluie"(paru en 1971 aux Etats-Unis mais traduit en français en 2015 seulement).
C’est suite à la reprise de la saga de la famille Holland que Rivages a entrepris la publication des trois premiers titres de celle-ci, révélant aux francophones un autre pan de l’œuvre du créateur de Dave Raubicheaux (20 titres à ce jour).
Comme tous les (anti-)héros de James Lee Burke, le vieux Hackberry est loin d’être un saint : alcoolique, violent et Texas Ranger doté d’une conception très personnelle et étendue de sa juridiction et de l’usage de la force.
Le récit débute en 1916, sur la frontière encore mouvante entre les Etats-Unis et le Mexique, que traversent troupes américaines et mexicaines au gré des expéditions punitives alors que la révolution mexicaine fait rage.
A la recherche de son fils Ismaïl, lieutenant de la cavalerie américaine, Hackberry se met à dos des Federales. Ayant échappé à la mort, le Texas Ranger met la main sur un calice, qui ne serait autre que le mythique Saint Graal. Il s’attire les foudres d’un sanguinaire trafiquant d’armes autrichien.
Etalé sur trois époques (1916, 1891 et 1919), le roman couvre une période charnière : la fin de la conquête de la "Frontière" et la Première Guerre mondiale. Soit le basculement des Etats-Unis dans le XXe siècle, qui achève (dans le sang) leur construction comme nation et entame leur ascension comme puissance - avec déjà des problèmes de frontière trop poreuse… C’est aussi l’histoire d’un vieil homme qui voit son Ouest évoluer plus vite que lui et qui doit troquer son cheval contre une automobile. Sans doute Burke a-t-il écrit une métaphore de ce qu’il ressentait face à l’évolution du monde et de son pays, confronté à un nouveau racisme, à de nouvelles violences, au néocapitalisme.
Comme dans les meilleurs westerns, l’élégie prend des accents bibliques. Mais une Bible de prédicateur, pleine de fureur et d’imprécations, hantée par le diable et des âmes damnées. Pour sauver Hackberry (et le roman) de sa noirceur, Burke l’entoure d’une trinité féminine : Ruby, la mère d’Ismaël et seul amour d’Hackberry, Beatrice DeMolay, maquerelle descendante d’un célèbre templier, et Maggie Bassett, ancienne maîtresse du Sundance Kid.
Sans être exempt de longueurs et de quelques lourdeurs superfétatoires, "La Maison du soleil levant" demeure un Burke pur jus, dont l’écriture évocatrice transporte le lecteur dans des espaces majestueux et terrifiants à la fois.
La maison du soleil levant James Lee Burke Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier Rivages/Noir 505 pp., env. 23 €