De Marc Lévy à Myriam Leroy, notre sélection des livres à emporter en vacances
Publié le 02-07-2018 à 07h23 - Mis à jour le 23-03-2021 à 14h41
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Avec les vacances vient le temps de la lecture sans limite, dont on ne s’extirpe que pour suivre l’ombre du parasol ou appliquer une nouvelle couche de crème solaire. Voyage, amour, suspense, musique, thriller : notre sélection hétéroclite parmi les sorties de l’année. Dicker, Musso, Levy, abonnés au hit-parade des meilleures ventes, gardent la cote.
Bitna, sous le ciel de Séoul
Voyage. Profitez de l’été pour voyager avec la langue enchanteresse de Le Clézio, en Corée, dans un très beau roman où s’enchaînent les contes racontant la vie, ses douceurs, la mort aussi. Il y parle d’une fille de 20 ans, Bitna, venue d’un petit village et qui découvre la capitale. Pour survivre, elle raconte des histoires à une dame bloquée chez elle, attendant la mort. Les histoires de Le Clézio nées de ses marches dans Séoul, pleines de douceur et de simplicité, sont hantées par la mort, mais apportent le baume à ces destins fragiles, à ces cœurs qui palpitent sous les cicatrices.
J.M.G. Le Clézio Stock, 217 pp., env. 18,50 €.
Bleu de Prusse
Thriller historique. Formidable suspense au cœur de l’entourage d’Hitler, aussi passionnant à lire qu’éclairant sur le nazisme. En 1939, un homme a été tué par un sniper sur le balcon du Berghof, le nid d’aigle d’Hitler. C’est “dramatique” qu’on puisse assassiner avant la venue d’Hitler qui vient y fêter ses 50 ans. Heydrich, chef de toutes les polices, envoie sur place l’inspecteur Bernie Gunther. Mais la vérité peut-elle être dite dans un univers aussi corrompu où tout est l’occasion de magouilles, de rackets systématiques, de meurtres expéditifs, de déportations ?
Philip Kerr, traduit de l’anglais par Jean Esch, Seuil, 664 pp., env. 22,50 €.
My Absolute Darling
Magistral. Ce fut l’une des découvertes du début 2018. Le premier roman de l’Américain Gabriel Tallent est à la fois épique, initiatique et sociologique. Surtout, il jouit d’une prose précise et poétique, qui nous emporte dans le quotidien rude de Turtle, adolescente de 14 ans qui vit recluse aux confins de la Californie, sous la coupe d’un père érudit mais brutal. Portrait en creux de l’Amérique profonde contemporaine, “My Absolute Darling” allie le souffle littéraire à l’attraction des meilleurs thrillers – comme si Don DeLillo rencontrait Stephen King.
Gabriel Tallent, traduit de l’anglais par Laura Derajinski, Gallmeister, 464 pp., env. 24,40 €.
Ariane
Révélation. Brabant wallon, années 90. La narratrice, 12 ans, déboule dans une “école de riches”. Complexe du vilain petit canard et gros sentiment d’inadéquation. Jusqu’à ce qu’Ariane, phare de la classe, adoube la jeune fille. Naît bientôt une amitié fusionnelle et cruelle. Myriam Leroy – journaliste et chroniqueuse dont on connaît le sens de l’observation et de la formule – a construit en flash back un premier roman vénéneux qui embrasse avec acuité et justesse l’adolescence, ses tourments, ses provocations. Tout en questionnant sans ménagement la littérature elle-même et les choix qui balisent le chemin vers l’âge adulte.
Myriam Leroy, Don Quichotte Ed., 210 pp., env. 16 €.
Sauveur & Fils, saisons 1-2-3-4
Thérapie. Rien de tel, pour vibrer tout l’été, que l’intégrale de “Sauveur & fils” puisque Marie-Aude Murail, auteure culte pour la jeunesse, a sorti le tome 4 d’une série qu’elle hésite à conclure. Comment quitter ce psy charismatique, Antillais baraqué, en chemise blanche, à l’écoute de ses jeunes patients, mais peu disponible dans sa vie privée ? “Feel good book” par excellence, cartographie de l’adolescence, cette série livre une fine analyse des malaises adolescents. Et devient vite addictive – pour les adultes aussi.
Marie-Aude Murail, L’Ecole des loisirs, 304 pp., env. 17 €. Dès 13 ans.
Si on dansait
Musicothérapie. Dans les années 80, au cœur d’une impasse pourrie de Londres menacée par un projet immobilier, quelques commerçants marginaux font de la résistance. Dont Frank, un disquaire qui refuse, en outre, de succomber à la mode du CD. Il ne vend que des vinyles. Du fait qu’il conseille ses clients de façon très originale, nombreux sont ceux qui viennent et reviennent chez lui chercher un certain réconfort. Quand il ne propose pas des morceaux qui modifient le cours de l’existence de ses visiteurs, il donne des cours de musique à une mystérieuse “dame au manteau vert”. Des chapitres en flash-back sur l’enfance du héros mettent en exergue l’initiation musicale qu’il reçut de sa maman. Un “feel good book”, pour tous les amateurs de musique, qui restent attachés à son pouvoir de résilience.
Rachel Joyce, traduit de l’anglais par Rémi Bonnard, XO Editions, 358 pp., env. 19,90 €.
L’Héritage des espions
Taupes. Infatigable, John le Carré s’est offert à 86 ans une belle cure de jouvence avec “L’Héritage des espions”, magistrale relecture (et, même, partielle réécriture) de “L’Espion qui venait du froid” (1964) et “La Taupe” (1974). Retraité des services secrets de Sa Majesté, l’ancien assistant de Smiley, Peter Guillam, est menacé d’une enquête parlementaire sur les conséquences sanglantes d’opérations menées durant la guerre froide. Dans ce roman, moderne sur la forme et nostalgique sur le fond, le Carré comble les trous et ellipses de ses écrits précédents, en prenant un malin plaisir à dénoncer le cynisme des puissants de ce monde et les excès des officines de renseignement sous prétexte d’“intérêt national”. Et tant qu’à faire, on gardera au pied du transat la récente réédition en poche des deux romans précités. A. Lo.
John le Carré, traduit de l’anglais par Isabelle Perrin, Seuil, 320 pp., 22 €.
L’Inconsolable et autres impromptus
Chemin de vérité. Il est des deuils impossibles. André Comte-Sponville, qui a vécu la perte d’un enfant, traite pudiquement de cette blessure ouverte à travers une série d’impromptus magnifiques, qui évoquent la chose en question mais bien d’autres sujets encore, sur le modèle de Schubert. Le gentleman mélomane et mélancolique déploie toute sa luminosité dans un précieux ouvrage qui signe, dans son chef, un puissant retour en force. En douze stations éminemment disparates, le philosophe s’intéresse à la joie de vivre autant qu’à l’ennui à l’école, comme pour rappeler que “les grandes douleurs sont muettes”.
André Comte-Sponville, PUF, 292 pp., env. 19 €.
Correspondance Maria Casarès et Albert Camus 1944-1959
Passion. Ce sont des lettres entre forces et lumières comme il ne s’en écrit plus guère. Elle était comédienne. Il était écrivain. Le rôle de Martha qu’elle interpréta lors de la création du “Malentendu” fut l’ancrage de l’incandescente histoire d’amour qui lia l’auteur à son interprète de juin 1944 à décembre 1959. Souvent séparés par leurs obligations professionnelles et parce que lui était marié – avant de mourir le 4 janvier 1960 d’un accident de voiture –, Maria Casarès et Albert Camus demeurèrent liés à travers une correspondance amoureuse où ils partageaient projets, angoisses, manques, humour et exaltation mais aussi passions littéraires et artistiques et quête d’absolu. Volumineux pour un bagage de vacances mais un radieux compagnon de voyage en chambre.
Gallimard, 1312 pp., 32,50€
Retour à Buenos Aires
Périple. Le petit-neveu de “l’Aviateur” embarque sur un porte-conteneur, histoire d’aller disperser les cendres de son grand-oncle, disparu à plus de 100 ans, dans le Rio de la Plata. Le Havre – Buenos Aires : vingt-quatre jours de traversée en 222 pages écrites d’une plume imaginative, vivante et pleine d’humour par Daniel Fohr, un ancien publicitaire français. Il s’en passe des choses sur ce bateau et il en arrive des aventures à l’urne ! Que dire des membres de l’équipage, hauts en couleur, décrits par l’auteur, si ce n’est qu’ils sont le fruit de l’observation et de l’imagination de l’auteur – qui a lui-même effectué ce voyage.
Daniel Fohr, Slatkine et Cie, 222 pp., env. 18 €.

Best-sellers
La Disparition de Stéphanie Mailer
Conteur d’histoires tumultueuses, Joël Dicker tient le souffle et le rythme dans un quatrième roman qui relève du thriller. Entre réalités et délires, il possède, d’évidence, un irrésistible pouvoir d’attraction sur le lecteur qui tourne ses 600 pages sans s’en apercevoir. Un best-seller pour toutes saisons.
Joël Dicker, éd. de Fallois, 640 pp., env. 23 €.
La Jeune Fille et la Nuit
Voilà un roman qui atteint son but de nous emmener dans un voyage délassant. Même si les clichés sont nombreux, on tourne les pages avec plaisir sans s’arrêter pour découvrir les fils d’une énigme retorse, bien ficelée, aux rebondissements incessants. En 1992, Thomas Degalais, 18 ans, a assassiné par jalousie Alexis, un prof de philo soupçonné d’être l’amant de la jeune Vinca Rockwell.
Tout va alors se jouer en une seule journée où les surprises et les retournements de situations totalement imprévisibles se succèdent.
Guillaume Musso, Calmann-Lévy, 430 pp., env. 21,90 €.
Une fille comme elle
Dans un immeuble bien sous tous rapports, se croise une faune représentative du chaudron culturel qu’est New York. Il y a là un journaliste de Fox News, un comptable, un professeur et sa fille comédienne, clouée dans un fauteuil roulant, une veuve désargentée, etc. Et Deepak, le liftier, qui, les fait voyager entre les étages. Un homme arrivé d’Inde des décennies plus tôt, manipulant comme personne le capricieux ascenseur mécanique. Malgré des airs de comédie des années 50, “Une fille comme elle”, le dernier en date des romans de Marc Lévy, en dit long sur l’Amérique d’aujourd’hui.
Marc Lévy, Robert Laffont, 367 pp., env. 21,50 €.