Jusqu’à Raqqa avec les Kurdes : récit d’un soldat anti-Daech
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Publié le 13-05-2019 à 12h48 - Mis à jour le 13-05-2019 à 12h51
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De l’offensive pour évincer l’État islamique de Raqqa, en 2017, on sait très peu de choses. Soutenues par des forces spéciales américaines et françaises, les Forces démocratiques syriennes, une alliance arabo-kurde, ont opéré à l’abri des médias internationaux. Les frappes systématiques de la coalition, qui auraient fait 1 600 morts parmi les civils de Raqqa, selon Amnesty international, sont aussi restées relativement opaques.
D’où l’intérêt du livre Jusqu’à Raqqa, rédigé par un jeune Français parti rejoindre les combattants étrangers des YPG, les Unités de protection du peuple kurde.
André Hébert - c’est un pseudonyme - livre un journal de guerre détaillé des combats auxquels il a participé, raconte des anecdotes qui éclairent le lecteur, mais aussi le courage et les déconvenues de ces militants antifascistes partis défendre le projet communaliste des Kurdes syriens.
"Je n’ai été l’auteur d’aucun exploit guerrier. Ce que j’ai vécu au Rojava était le quotidien de tous les combattants à cette période", écrit l’auteur qui cite, en préface, le nom de tous les volontaires internationaux morts dans cette guerre.
Il y a dans cette chronique de guerre des détails si éloquents : le bruit sourd d’un immeuble lorsqu’il s’effondre frappé par un missile, les vêtements collés au corps parce que cela fait des semaines qu’on ne s’est plus lavé, la faim qui tenaille malgré les cuillères de sucre et les cacahuètes partagées dans l’unité, l’envie d’exécuter un homme qui s’est rendu, les désaccords idéologiques entre étrangers, les us et coutumes avec les combattantes kurdes, les ordres que l’on ne comprend pas. André Hébert n’est pas entré dans l’intimité de la structure dirigeante des YPG, très bien cloisonnée, mais raconte sa guerre avec un talent incroyable.
Âgé de 27 ans, issu d’un milieu favorisé et travaillant aujourd’hui dans la fonction publique, le Français est allé plusieurs fois en Syrie. Lors d’un de ses retours à Paris, la DGSI lui a retiré son passeport et l’a fiché "S" puisqu’il était allé en Syrie. Après une bataille judiciaire, le tribunal administratif de Paris lui a donné raison et il a pu repartir en Syrie pour participer à la dernière bataille, celle de Raqqa. En Belgique, un volontaire qui aurait rejoint les Kurdes risque aussi la prison, mais il n’est pas certain qu’on le poursuive. Les Kurdes furent au bout du compte nos alliés.
>>> Jusqu’à Raqqa , par André Hébert, préface de Pauline Maucort, éditions Les Belles Lettres, mars 2019, 250 pp, environ 21 euros.
