"Le livre de Sarah", chronique d’une vie qui implose
Sarah n’en démord pas : elle veut divorcer. Le quotidien avec Scott est devenu trop chaotique, les disputes ont pris le pas sur les fous rires. Tout avait pourtant commencé dans un joyeux feu d’artifices pour ces deux jeunes, réunis par le hasard sept ans après une première rencontre. Ils se sont mariés, ils ont eu deux enfants. Mais la vie ne semblait pas à la hauteur de ce que Scott en espérait. Le quotidien, ses clichés, ses bassesses ont eu raison de sa joie de vivre. Alors il s’est trouvé un (piètre) allié dans l’alcool. De prévisibles dommages n’ont pas manqué de survenir.
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Publié le 03-03-2020 à 17h18 - Mis à jour le 03-03-2020 à 18h14
Sarah n’en démord pas : elle veut divorcer. Le quotidien avec Scott est devenu trop chaotique, les disputes ont pris le pas sur les fous rires. Tout avait pourtant commencé dans un joyeux feu d’artifices pour ces deux jeunes, réunis par le hasard sept ans après une première rencontre. Ils se sont mariés, ils ont eu deux enfants. Mais la vie ne semblait pas à la hauteur de ce que Scott en espérait. Le quotidien, ses clichés, ses bassesses ont eu raison de sa joie de vivre. Alors il s’est trouvé un (piètre) allié dans l’alcool. De prévisibles dommages n’ont pas manqué de survenir.
Débandade
Tout part dès lors en débandade. Scott se réfugie dans sa voiture, qu’il gare sur le parking d’un supermarché. Dans une tentative maladroite, il essaie de se suicider au paracétamol. Puis, gagné par la paranoïa, il se met à espionner Sarah (serait-elle tombée amoureuse ?). Surtout, l’homme devient douloureusement pathétique, et l’assume sans ambages.
"On ne peut aimer que ce que l’on perd." Sarah va changer d’avis, Scott veut y croire, alors que tous les signaux sont contraires. Pour la convaincre, il lui envoie des poèmes et des lettres d’amour. Qui la laisse indifférente, puisqu’elle ne les lit pas.
Plagiat
Il y a beaucoup d’humour dans ces pages désespérées. Certains épisodes sont même d’un rocambolesque ravageur - celui du chien aveugle que leur bon cœur pousse à récupérer, certains que l’infirmière qu’est Sarah rapporte de l’hôpital. Nerveuse, simple, l’écriture se place sur le ton de la confidence à un pote, tout en sincérité et en vérité. Auteur de plusieurs recueils de nouvelles jusqu’ici, Scott McClanahan (né en 1978 en Virginie occidentale) est le narrateur décomplexé de ce roman autobiographique pour lequel il nous avertit en préambule : "Certains passages de ce livre ont été plagiés". Peut-être est-ce un clin d’œil à ce que nos vies partagent de clichés, d’erreurs, de souffrance. À moins que ce ne soit un hommage à tout ce que Sarah lui a apporté, à ce qu’il lui a emprunté - et qui expliquerait le titre de cette chronique, Le Livre de Sarah (The Sarah Book). Entre tendresse et désolation, Scott McClanahan réussit le pari de tenir son lecteur sur le fil de ce qui est aussi une déclaration d’amour peu banale.
- Scott McClanahan | Le livre de Sarah | traduit de l’américain par Théophile Sersiron | L’Olivier | 238 pp., env. 22 €
EXTRAIT
"Le matin de mon audience de divorce j'étais en retard parce que j'écrivais une lettre d'amour à Sarah. Bien sûr ça faisait des mois que je lui répétais que personne n'allait l'aimer comme je l'avais aimée. A chaque fois elle riait et me disait: 'Ça, heureusement. J'espère pas putain'."