Uderzo, l'homme qui aimait les femmes

Uderzo, l'homme qui aimait les femmes
©Ed. Albert et René

Irascibles, bagarreurs, forts, gourmands ce sont quelques traits de caractère de nos Gaulois. Les plus communs, ceux qui sont mis en avant pour les présenter, les mettre en valeur.

Mais quelques autres traits pourraient être signalés. Parmi ceux-ci, le fait que le village gaulois a rapidement accueilli et fait une place de choix aux dames.

Logique? Pour la survie du village, c'est évident et même biologiquement évident. Pour le petit monde de la bande dessinée du milieu des années 60, ce l'est nettement moins.

En effet, à y regarder de plus près, les bandes dessinées à succès de l'époque mettent toutes en avant des héros qui ne s'encombrent pas de personnages forts de la gent féminine.

Les plus évidents: Tintin et Lucky Luke. Ces deux-là peuvent accueillir de temps à autre une dame à leur côté, mais ce n'est jamais qu'un personnage de passage même s'il s'offre quelques apparitions comme Bianca Castafiore. Ensuite, on peut évoquer les Tanguy et Laverdure, Spirou, Jerry Spring, Buck Dany ou Barbe rouge et la liste n'est pas exhaustive.

Pendant ce temps, dans le village gaulois, les personnages féminins se développent.

Les féministes les plus critiques pourraient avancer que ces dames, créées par Uderzo et Goscinny, sont, le plus souvent, confinées à des tâches ménagères. Mais qui oserait dire que Bonemine, l'épouse d'Abraracourcix, n'est pas une femme à poigne. Ses conseils, souvent avisés, à son cochonnet de mari, servent de toile de fond à divers albums. Et puis, il y a Mme Agecanonix. Bon, OK, cette très jolie dame n'est jamais nommée, mais c'est elle qui porte le braie dans le foyer.

Et puis, il y a la fantasmatique Falbala. Une vraie star du cinéma qui va faire chanceler le bloc d'apparence monolithique qu'est Obélix. L'album Astérix légionnaire sort en 1967. A partir de ce moment-là, les lecteurs savent qu'Obélix est vraiment humain.

Falbala reviendra quelques années plus tard dans La Traviata (2001) à la demande notamment des lecteurs.

Mais, dix ans plus tôt, Albert Uderzo avait déjà cédé quelques pages aux revendications des lecteurs, et plus particulièrement des lectrices en offrant le premier rôle d'une des aventures du petit Gaulois à une femme de caractère: le barde Maestria (attention, bien dire le barde et pas la barde, ni de la bardesse).

Fatigué de s'entendre critiquer de toutes parts, de se ramasser de grands coups de marteau sur le crâne, le barde Assurancetourix claque la porte de sa hutte. C'est Maestria, le barde de Lutèce, qui se présente au village pour suppléer cette absence.

Une arrivée qui fascine Bonemine et qui ne tardera pas à séduire les autres femmes des Gaulois. Une révolution féminine est en route et elle ne passera pas inaperçue et cette fois, c'est Astérix himself qui va payer le plus lourd tribut à cette nouveauté. Le petit Gaulois va craquer complètement alors que son acolyte, généralement bien plus sensible que lui à ce type de bouleversement, laissera passer l'orage sans sourciller.

Et du côté romain? Même constat! Les femmes aussi ont pris le pouvoir et ces dames, très déterminées, seront bien difficiles à manipuler par les représentants du sexe dit fort.

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