Les éternels allers-retours des hommes sur la terre
Deux albums puissants s’intéressent aux migrations, celles qui nous déstabilisent.
Publié le 25-03-2020 à 15h51 - Mis à jour le 25-02-2021 à 16h49
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Deux albums puissants s’intéressent aux migrations, celles qui nous déstabilisent. Le monde a beau retenir son souffle, et ne songer qu’au coronavirus - ce migrant que nul n’avait vu venir -, d’autres problématiques couvent toujours et risquent d’exploser, telle une bombe à retardement, lorsque la vie reprendra son cours. Il suffit, entre autres, de penser aux migrants à la rescousse desquels nul ne vient plus guère. Nina Le Comte, originaire de Bretagne, s’y intéresse de près dans un premier album sans paroles d’une élégance puissante.
Débarqué sur un ponton, un homme marche seul, son balluchon sur le dos, et l’espoir en guise d’horizon.
Tout de gris et noir vêtu, il avance dans la foule et cache son visage, déjà contaminé par la peur. Venue d’en haut, une main le suspend par le sac à dos, et l’envoie régulariser ses papiers. Le voici confronté aux arcanes kafkaïennes et inhumaines de l’administration, aux voies sans issue, aux portes murées, aux trompe-l’œil, au noir proche du désespoir.

Avec ses illustrations épurées, ses jeux de perspectives édifiants et ses lavis, Nina Le Comte réussit à traduire l’itinéraire des migrants, empreint de solitude. La tonalité de l’album épouse la gravité de la situation racontée, sans pour autant s’appesantir.
Concernée donc par la problématique des migrants, elle y consacre ce qui devait, au départ, représenter son travail de fin d’études. Travail qui a recueilli le coup de cœur unanime du jury, lequel ne s’y est pas trompé. Cet Allers-Retours retient l’attention et rappelle combien les dessins en disent parfois plus que les longs discours.
Réfugiés depuis l’Egypte ancienne

C’est également la question de la migration qui a inspiré les Brésiliens Ilan Brenman et Guilherme Karsten dans Réfugiés.
Album sans paroles, à nouveau, qui se lit avec les yeux et l’imagination.
Tout commence au temps de l’Égypte ancienne, où est apparue la déesse Maât, représentant la vérité, la justice et l’équilibre. Elle portait une plume d’autruche sur la tête et c’est le voyage de ce bijou que nous allons suivre avec différentes familles à travers Bagdad, l’Europe et les États-Unis. Et autant de guerres et d’obstacles qui n’empêcheront pas la plume de la déesse Maât de poursuivre son voyage, puisque l’homme est avant tout nomade. Les illustrations colorées, faussement naïves et très lisibles de Guilherme Karsten, proposent une succession d’univers différents très bien rendus qui nous aident à voyager dans le temps et dans l’espace avant de le faire, via la parole, lors d’une discussion de confinement.
Allers-retours Album jeunesse De Nina Le Comte, CotCotCot éditions, 50 pp. Prix env. 17 €. Dès 7 ans. www.cotcotcot-editions.com
Réfugiés Album jeunesse De Ilan Brenman et Guilherme Karsten, Versant Sud Jeunesse, 28 pp. Prix env. 14,90 €. Dès 7 ans. www.versant-sud.com