La culture au temps du corona : La Panthère des neiges par Antoine Pierre

Des artistes, nos journalistes... partagent une sidération artistique, une épiphanie culturelle, une révélation qui les a marqués, touchés au coeur.

Contribution externe
La culture au temps du corona : La Panthère des neiges par Antoine Pierre
©Gallimard/dr

Des artistes, nos journalistes... partagent une sidération artistique, une épiphanie culturelle, une révélation qui les a marqués, touchés au coeur.

Voici la contribution d'Antoine Pierre, batteur de jazz et artiste résident du dernier Brussels Jazz Festival de Flagey. Je lis peu.

Les artistes ont tendance à être plus ou moins monomaniaques. Le flux constant d’informations nous incite à être ultra-connecté, être à jour sur tout, tout le temps.

La Panthère des neiges (prix rix Renaudot 2019), ce livre de Sylvain Tesson est tombé dans mes mains et n’a pas voulu les quitter.

C’est le récit d’un périple dans les steppes de l’Himalaya, à la recherche d’un fantôme. Sylvain Tesson embarque avec l’équipe de Vincent Munier - photographe animalier et incarnation du respect de la nature- à la recherche d’une des légendes du monde animal : la panthère des neiges.

En l’espace de quelques pages, on est transporté dans une vaste étendue enneigée, à -40°C. Le temps tourne au ralenti, à l’écart de la civilisation. Les conditions sont rudes, la nature est sans pitié à cet endroit si reculé du monde. On se rappelle à quel point l’arrogance de l’humain est grande et que le piédestal sur lequel nous avons tendance à nous placer est fragile.

Le livre transpire d’une chose essentielle que nous avons sûrement oubliée : l’attente. Celle qui nous permet d’observer, d’aiguiser nos sens et de comprendre ce qui nous entoure. Celle qui nous permet de contempler aussi.

Tesson sait vraiment écrire. On fantasme sur la beauté des lieux et sur cet état de plénitude que ce silence bruyant vous apporte. On envie ces gens qui vivent une aventure incroyable… même si on est content d’être au chaud à la maison avec un plaid.

J’ai relu plusieurs fois certaines pages, de la même manière qu’on réécouterait en boucle le solo de Miles sur Blue In Green . J’ai pleuré quelques fois, parfois de beauté, parfois de tristesse. J’ai souvent fermé le bouquin et regardé le plafond pour me repasser la scène.

Mais surtout, tout au long de ce livre, en haleine, j’ai espéré deux choses : que la panthère se montre et qu’elle ne se montre pas. Je commençais presqu’à comprendre que l’on puisse croire en Dieu…

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