En librairie: Joseph Kasa-Vubu, premier Président du Congo
À l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo, Justine Kasa-Vubu, 69 ans, publie son troisième ouvrage consacré à son père, le premier président du Congo indépendant.
Publié le 29-06-2020 à 23h50 - Mis à jour le 30-06-2020 à 15h21
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À l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo, Justine Kasa-Vubu, 69 ans, publie son troisième ouvrage consacré à son père, le premier président du Congo indépendant.
Né en 1917, Joseph Kasa-Vubu étudie au petit puis au grand séminaire. Marié en 1942, il devient fonctionnaire, avant d’accéder, en 1954, à la tête de l’Abako, association culturelle de l’ethnie kongo.
Élu bourgmestre de Dendale - une des communes de Kinshasa, rebaptisée Kasa-Vubu - en 1957, il est le premier, en 1958, à exiger "l’indépendance immédiate" de la colonie belge, ce qui lui vaudra dix jours de suspension de salaire et la reconnaissance, par son ethnie, d’un statut de "roi" des Kongos.
En 1959, écrit sa fille, c’est lui qui demandera une Table ronde avec les autorités belges pour discuter de l’indépendance, afin d’engager "la totalité du peuple belge". Le 24 juin 1960, il est élu Président par le Parlement congolais, face à Jean Bolikango. En désaccord avec Patrice Lumumba, son Premier ministre qui a gagné les législatives, Kasa-Vubu est mis de côté par Mobutu en septembre 1960, tandis que Lumumba est placé sous surveillance ; il sera assassiné en janvier 1961. Kasa-Vubu sera renversé par le colonel Mobutu en novembre 1965, à cinq mois des élections. Après quatre ans d’avanies infligées par le dictateur, il meurt en 1969 faute d’accès à un hôpital universitaire.
L’ouvrage de Justine Kasa-Vubu ravira les fans de son père, probablement moins les autres lecteurs en raison de son caractère hagiographique.
L’auteure publie une abondante moisson de lettres écrites ou reçues par Joseph Kasa-Vubu écolier ou jeune homme, sans discriminer entre celles qui ont un intérêt et les autres ; malheureusement, il y en a nettement moins touchant aux affaires politiques.
De même, rien n’est jamais de la faute des Kasa-Vubu. Quand le père du futur président est soumis à une ordalie sur accusation d’adultère, c’est en réalité par "jalousie". Quand Joseph Kasa-Vubu est renvoyé du grand séminaire parce qu’il n’a pas la vocation, selon les abbés, c’est en réalité, affirme l’auteure, parce qu’ils ne peuvent répondre à ses questionnements. Quand, en 1958, le militant indépendantiste n’obtient pas le droit de voyager à Accra pour voir Nkwame Nkrumah parce qu’il n’a pas de certificat de vaccination, c’est en réalité, écrit sa fille, parce que le colonisateur juge Kasa-Vubu moins "malléable" que Patrice Lumumba qui, lui, ira à Accra. Selon l’auteure, en octobre 1965 Kasa-Vubu rencontrera enfin le père de l’indépendance ghanéenne, qui désavouera à cette occasion l’attitude de Lumumba pour encenser celle du premier Président congolais.
À côté des lettres de Joseph Kasa-Vubu figurent des textes parfois imprimés dans le même caractère italique que ses courriers, qui prétendent indiquer ce que pense le héros du livre mais sans indiquer de source ; on peut supposer qu’il s’agit de récits familiaux mais la crédibilité de l’ouvrage gagnerait à ne pas mêler documents et reconstitutions.
"Kasa-Vubu, biographie d’une indépendance", par Justine M’Poyo Kasa-Vubu. Ed. Samsa-Histoire, 350 pp., 30€