Florent Marchet : "J’ai passé une grande partie de ma vie à la campagne"
Dans "Le monde du vivant", son premier roman, l'auteur, compositeur et interprète Florent Marchet parle particulièrement bien du monde agricole. Ce n’est pas un hasard. il est petit-fils d’agriculteurs.
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Publié le 21-08-2020 à 17h07 - Mis à jour le 24-07-2021 à 19h12
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Auteur compositeur et interprète de cinq albums solo (dont Courchevel), compositeur de musique de films, compositeur (pour Sylvie Vartan, Axelle Red, Clarika, Benabar parmi d’autres), Florent Marchet a toujours eu l’envie d’écrire un roman. « On va dire que cela ne m’a jamais quitté. Quand j’étais adolescent, j’avais déjà une idée assez précise de ce que je voulais faire dans la vie. A savoir : ne pas avoir de patron, être assez libre de créer, de m’exprimer en tout cas. Pour moi, la vie n’avait de sens que si j’étais vraiment là où j’avais envie d’être. Ecrire des histoires et des musiques de films: c’étaient les deux choses qui m’animaient » raconte Florent Marchet dont le premier roman, Le monde du vivant, vient de sortir. Si l’envie d’écrire au long cours le titille, qu’il participe à des projets de livres disques et réalise des lectures musicales (Nicolas Mathieu, Véronique Ovaldé), il associait l’écriture romanesque à quelque chose d’élitiste. « J’aimais beaucoup lire, j’écrivais des nouvelles dans mon coin, sans aller au-delà. De temps en temps, je prenais des extraits de nouvelles que je mettais en musique, mais cela s’arrêtait là », confie-t-il alors qu’on le joint par téléphone dans la banlieue parisienne où il réside.
"Ecrire et n'attendre rien de plus que l'acte d'écrire"
Depuis 2004, Florent Marchet écrit des chansons qui lui permettent « d’allier à la fois sa passion pour les textes et pour la musique. Les chansons, ce sont un peu des courts métrages. Le format chanson n’est pas, en ce qui me concerne, la chose la plus épanouissante qui soit. Il y a beaucoup de contraintes techniques - sonorité, versification, rimes -, on dispose de peu de temps pour dire les choses. C’est très agréable une fois qu’on a terminé la chanson, mais je souffre beaucoup quand j’écris un texte de chanson. J’y reviens pourtant à chaque fois. »
« Pourquoi t’écris pas ton roman ? » l’interroge un jour l’écrivain Arnaud Cathrine. Cette question le bouscule. Même s’il n’a pas encore d’éditeur, ne sait pas s’il sera publié, « c’est finalement assez rassurant de se dire que quand on écrit, on n’attend rien de plus que l’acte même d’écrire ». Florent Marchet prend goût à la confection de ce livre. « Chaque jour, j’étais le spectateur de mes personnages. Je les regardais m’emmener quelque part. Cela a pris du temps parce que je faisais d’autres choses à côté. » Pourtant, il lui arrive même de refuser certains projets parce que « cela devient comme une drogue de retrouver ses personnages, ce lieu, cette histoire. »
"Le village du livre ressemble fort à celui où j'ai grandi"
Florent Marchet réside dans la banlieue parisienne, une maison avec un jardin où il a planté deux-trois trucs. « Ce livre, j’ai pu l’écrire presque constamment dehors. J’ai besoin d’air. Je ne me voyais pas écrire enfermé. » Pas de cadre, pas de plan, rien, juste une envie : écrire sur la solitude rurale. « J’ai passé une grande partie de ma vie dans un petit village qui est d’ailleurs très proche de celui décrit dans le livre, j’ai juste changé son nom. »
Si dans Le monde du vivant, il parle aussi bien du monde agricole, ce n’est pas un hasard. Florent Marchet est petit-fils d’agriculteurs. « Mes grands-parents étaient ouvriers agricoles, des métayers, ils avaient une ferme. Leurs parents, qui possédaient cette ferme avant la Seconde Guerre mondiale, vont prendre en pleine figure les conséquences du plan Marshall » commente-t-il.
"J'avais besoin de confronter plusieurs chaos intimes"
Père de deux enfants (12 et 8 ans), Florent Marchet s’est intéressé à la transmission. « On hérite de beaucoup de choses. De nos parents mais pas seulement. De nos ancêtres, aussi. J’ai utilisé cette matière-là, qui est la matière familiale, pour raconter à la fois le monde intime et le monde d’aujourd’hui. »
Avant, on parlait beaucoup d’exode rural. Aujourd’hui, il est aussi pas mal question d’exode urbain. Ancien ingénieur, Jérôme, un des héros du Monde du vivant, veut quitter Orléans pour s’occuper d’une ferme. Quitter la ville pour la campagne n’enthousiasme pas particulièrement Solène, sa fille de 13 ans. « C’est vrai qu’on dit souvent que les enfants, il faut les emmener à la campagne quand ils sont jeunes et, au moment de l’adolescence, déménager vers la ville. En tout cas, j’avais besoin de confronter plusieurs chaos intimes », développe celui qui voit son fils entrer dans cet âge pivot justement. « Je me dis qu’il va falloir que je respire très fort » rigole-t-il.
Quand on lui demande, à titre informatif et histoire de vérifier les infos glanées sur Internet, son lieu de naissance, il nous confirme : Bourges. Pour aussitôt nous raconter qu’il est le premier de sa famille à être né à l’hôpital ! Et dans la foulée de revenir sur sa famille. « Mon père est né à la ferme. Mes parents se sont rencontrés parce qu’ils habitaient la même rue. Toute ma famille est là depuis des générations. Je suis le premier à être parti. J’ai toujours vu mon père croiser ses copains de l’école dans les rues du village. Encore aujourd’hui. Moi, je peux me promener dans ces rues-là, je ne croiserai aucun copain que j’avais à l’école. Ils sont tous partis. »