L’Intime festival a résisté avec panache
Le public a répondu présent à une édition pas comme les autres.
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Publié le 31-08-2020 à 08h42 - Mis à jour le 01-09-2020 à 15h18
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Vent Debout : l’ASBL qui chapeaute l’Intime festival n’a jamais si bien porté son nom tant sa 8e édition, qui s’est tenue ce week-end à Namur, a dû affronter plus d’une secousse. Jauges réduites (2 000 spectateurs ont été accueillis, contre une moyenne de 5 000 les autres années - quand les principales rentrées viennent de la billetterie), contraintes sanitaires en constante évolution, diminution inopinée de subsides : la succession d’embûches n’a pas entamé la détermination de l’équipe. En point d’orgue de son exercice d’admiration envers Olga Tokarczuk, Philippe Vauchel a d’ailleurs remercié l’Intime festival "d’être et de faire", soit d’avoir pris la responsabilité, "peu importent les conditions dans lesquelles cela se déroulerait, de faire quelque chose".
La lecture à voix haute, un art à part entière
Privé de rendez-vous culturels depuis trop longtemps, le public a répondu présent. "Tout était complet, se réjouit Chloé Colpé, la directrice du festival. C’est la preuve que la vie recommence et qu’on a réussi le pari de la qualité tout en maintenant l’esprit du festival." Si l’absence des auteurs s’est fortement ressentie, "on s’est consolé avec le bonheur des comédiens et des musiciens d’être à nouveau sur scène". Oui, ce redémarrage avait quelque chose d’unique, de précieux. Avec trois lieux éclatés, l’ambiance était évidemment tout autre, moins festive. Malgré les distances à respecter et l’acoustique délicate (surtout dans la cathédrale Saint-Aubain), Reda Kateb, Catherine Salée, Yoann Blanc, Jean-Benoît Ugeux et Anne-Cécile Vandalem ont, entre autres, démontré l’importance de la culture avec leurs grandes lectures. Certaines étaient plus réussies que d’autres, preuve s’il en est que la lecture à voix haute est un art à part entière.

Du côté de la librairie éphémère, si les ventes sont décevantes, Catherine Mangez (Papyrus) se veut positive : "Le public était intéressé, c’était important pour nous d’être là avec les livres mis en avant. Ce qui compte est que le festival ait été maintenu et qu’on ait été tous solidaires." Enfin, si elle salue l’hyper réactivité et le soutien de la Ville pour cette édition particulière, Chloé Colpé ne peut que se désoler que l’Intime festival ne bénéficie toujours pas d’une subvention structurelle, "ce qui nous permettrait notamment de développer plus de productions, comme celle qui a réuni cette année Philippe Jaenada et Valentine Fournier autour de La Petite Femelle". Elle espère aussi que la Ville "se rende compte qu’il se passe quelque chose de littéraire" à Namur, et que la Fédération Wallonie-Bruxelles embraie, car "cette dimension gagnerait à être développée. Il y a l’université, le dynamisme des librairies, l’Intime festival et, en ce moment, la résidence d’écriture qu’effectue Robert McLiam Wilson", qui récolte des témoignages sur le confinement dans le but de faire acte d’histoire et de mémoire : "Namur est une ville littéraire". L’écrivain irlandais confirme : "Il y a de vrais lecteurs ici, et des librairies qui marchent. Je constate aussi que les gens sont moins accros aux réseaux sociaux qu’à Paris, où je vis. Il y a donc de l’attention disponible, et les gens ont du temps pour lire." Bref, de quoi reconnaître à Namur sa dynamique littéraire.