Après la perte, sous le secret, une lueur peut-être

Le secret fait à nouveau partie du motif déployé dans Pour quand tu seras grande. La figure de la mère dépassée, que la comédienne a déclinée avec humour et tendresse dans sa série de capsules Vie de mère et The One Mother Show, la romancière la pose ici au bord du précipice.

Le territoire du non-dit

Marie, prof, maman de trois enfants, se débat, à bout de souffle, dans un quotidien qui l’oppresse, entre tâches quotidiennes sans répit, agacements conjugaux, relations familiales houleuses, et tout à faire tourner.

Un concentré de charge mentale que vient pulvériser le suicide de son père. Sans un mot d’explication. Derrière cet acte, sous cette disparition, peu à peu Marie va débusquer un terrible territoire de non-dit.

"J’avais envie de travailler sur ce qu’on fait quand, tout à coup, l’image qu’on avait de son parent s’effondre. Et que se révèle, après sa disparition, une personne qu’on ne connaît pas, qu’on ne soupçonnait pas", explique Véronique Gallo, à qui il a fallu "des années pour ne plus être en colère".

Infusé de noirceur

Nourrie, pétrie d’émotions, sans jamais tomber dans le mélo, son écriture réussit à imbriquer, entre l’ordinaire des jours et les tréfonds du chagrin, entre objets et regrets, une voix intérieure, quelque chose comme une lueur infime et obstinée.

Imagé, presque sonore, Pour quand tu seras grande germa d’abord comme un scénario, nous apprend son autrice. Sa mue en roman infusé de noirceur lui fait une peau tantôt élastique, tantôt rêche, parcourue du frisson du suspense, éraflée aux échardes du secret, sous lesquelles s’esquissera peut-être un début de douceur.

• Pour quand tu seras grande, Véronique Gallo, Éditions Héloïse d'Ormesson, 175 pp., 17 €.