Un guide de voyages… dans l’art
"Racontez l’art" est le premier volume d’une série de guides pour tous les publics à travers l’histoire de l’art.
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Publié le 18-12-2020 à 19h11 - Mis à jour le 18-12-2020 à 19h12
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Imaginez tenir en mains un Guide vert Michelin qui vous indique en peu de mots l’essentiel de ce qu’il y a à voir et à connaître. C’est la même ambition, le même format de guide, qu’a choisi la nouvelle série Racontez l’art ! lancée par Flammarion. Une histoire de l’art originale, remplie d’anecdotes et de faits précis à lire ou à raconter à ses enfants en voyage ou au musée.
Le premier volume s’intéresse à l’art occidental, de la Renaissance à l’Art nouveau. D’autres volumes suivront sur l’Antiquité et le Moyen Âge, les arts moderne et contemporain, et sur les arts d’Asie, d’Afrique et d’Océanie.
Une ligne du temps
Le principe est simple : le guide retrace chronologiquement l’histoire de l’art en évoquant par de courts chapitres de une à deux pages, les grands courants et surtout les principaux artistes. Chacun a droit à un résumé de son œuvre et à une ou deux reproductions de ses chefs-d’œuvre expliqués plus en détail. Avec chaque fois, une anecdote à raconter qui ponctue la fiche.
Un glossaire en fin de volume éclaire les termes techniques et, en bas de page, court tout au long du livre une ligne du temps qui rappelle les évènements qui eurent lieu lors de la vie de l’artiste.
Un exemple, au hasard, parmi les 150 artistes sélectionnés, de Cimabue à Camille Claudel : Vermeer a droit à deux pages et à deux reproductions, celles de La Peseuse de perles et de Vue de Delft qui est largement commentée. L’anecdote jointe évoque la popularité de Vermeer qui, après avoir échappé aux historiens de l’art jusqu’au milieu du XIXe siècle, fut redécouvert par un critique français en 1866. Les faux Vermeer de Van Meegeren en 1937 ont paradoxalement accru encore sa popularité.
Autre exemple : Manet. L’anecdote jointe à sa fiche évoque sa tombe dont l’épitaphe est un jeu sur son nom, en latin "Manet et manebit" (" il demeure et il demeurera"). Dans sa tombe, sont enterrés aussi sa femme Suzanne, son frère Eugène et Berthe Morisot, sa belle-sœur mais qui fut aussi, toute sa vie, son amour infini, largement platonique. Il voyait en elle une peintre à son égal. Elle fut aussi son modèle pour des chefs-d’œuvre comme le Balcon où elle est cette gitane rêveuse et accoudée. Mais jamais ils ne purent devenir vraiment amants, empêtrés dans les convenances de la bourgeoisie, et Berthe épousa le frère de Manet.
Ce guide ajoute des "pastilles" pour certains artistes signalant Stop, génie !
Belle initiative
Il faut saluer cette belle initiative qui veut ouvrir à tous, et d’abord à ceux qui les connaissent peu, l’histoire de l’art et le chemin des musées. Un guide qui réussit l’ambition d’être grand public et de rester rigoureux.
Même si le livre a dû faire des choix qui peuvent surprendre. Pourquoi Watteau et Poussin ont droit à la pastille Génie et pas Van der Weyden, Bruegel et Bosch ? Pourquoi Masaccio est-il un Génie et pas Piero della Francesca ? Pourquoi James Ensor, Fernand Khnopff et Spilliaert n’ont-ils pas droit à une entrée spécifique alors qu’Adolph von Menzel ou Thomas Eakins en ont une ? Pourquoi la fiche Gauguin, génie incontesté, n’évoque-t-elle pas le débat très discuté sur le rappel ou non de son rapport avec les adolescentes qu’il peignait nues ? La National Gallery rappelait que "Gauguin a bien évidemment profité de son statut privilé gi é d’ occidental pour jouir de la liberté sexuelle qui s ’ offrait à lui ".
Racontez l’art ! De la Renaissance à l’Art nouveau Guide De Adam Biro et Karine Douplitzky, Flammarion, 288 pp. Prix env. 24,90 €
