Olivier Adam raconte l’enfer d’un père qui cherche à revoir son fils enlevé au Japon par sa mère
Tout peut s’oublier se ramène à cela : l’enfer d’un père pour ne fût-ce qu’entrevoir encore son fils.
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Publié le 20-01-2021 à 18h00
Tout peut s’oublier, le nouveau roman d’Olivier Adam, mêle les deux lieux qu’affectionne l’écrivain : la Bretagne et Kyoto au Japon où il effectua un long séjour.
Nathan, le personnage central, est un homme à la dérive comme souvent chez Olivier Adam. Il tient un cinéma d’auteurs dans une ville de Bretagne qu’on imagine être Dinard. Ses amies le décrivent comme "fataliste, avec sa façon de ne jamais vraiment choisir, son humeur étale et maussade. Il ne savait pas s’amuser."
C’est pour cela que Claire le quitte alors qu’ils ont adoré voyager ensemble au Japon. De nouveau seul, il retourne à Kyoto sur les traces de son amour passé avec Claire et tombe amoureux de Jun, une Japonaise francophile avec qui il s’installe rapidement en Bretagne. Tandis que lui retrouve son rôle de programmateur cinéma, elle ouvre un atelier de céramiste. Ils ont bientôt un fils, Léo.
Tout semble calme et lisse comme la mer un jour sans vent, même si Nathan et Jun se séparent tout en restant dans la même ville, unis par leur fils commun.
Les Bretons le savent : la tempête peut brusquement se lever et frapper l’océan sans signes annonciateurs. Même les amis japonais de Jun installés en Bretagne lui disent ne rien avoir su, ni vu. Et Nathan vit comme un naufrage la découverte, un matin, que Jun et leur fils Léo ont disparu sans message, sans rien dire pour retourner ensemble au Japon.
La mère a tous les droits
Nathan s’envole alors pour retrouver la trace de son fils, engage un détective local.
Ce roman très linéaire est tout entier axé sur cette quête du fils par le père et sur le scandale de la Justice japonaise qui ne donne aucun droit au père étranger. La mère japonaise a tous les droits sur l’enfant issu d’un mariage mixte. Pire que cela, toute recherche de contact avec le fils disparu sera interprété par la Justice comme du harcèlement coupable. On a vu avec l’affaire Ghosn que la Justice japonaise pouvait être opiniâtre et qu’elle n’aime pas être ridiculisée comme elle l’a été par l’ex-PDG de Renault.
Une justice kafkakïenne
Tout peut s’oublier se ramène à cela : l’enfer d’un père pour ne fût-ce qu’entrevoir encore son fils. Le roman remet en mémoire le livre (et le film) d’il y a 30 ans, Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody, mais il s’agissait là de l’Iran. Ici, c’est le Japon, pays de haute civilisation qu’Olivier Adam adore mais qui refuse toujours ce droit de l’enfant de voir ses deux parents.
Une recherche rapide sur Internet montre que ce que dénonce l’écrivain est hélas une réalité que les autorités européennes cherchent à changer.
Le titre du roman, Tout peut s’oublier, vient de Jacques Brel : "Ne me quitte pas/ Il faut oublier/Tout peut s’oublier", mais c’était chez lui oublier les malentendus pour renouer quand même. Ici, Nathan craint de devoir tirer un trait définitif sur la chair de sa chair comme si son fils était mort en rejoignant Kyoto.
Tout peut s’oublier est un roman sur la paternité, sur la disparition, sur les problèmes des couples mixtes, sur l’horreur d’être pris dans les rets d’une justice kafkaïenne. Une histoire comme un pamphlet qui se lit d’une traite, clair comme une estampe japonaise.
Tout peut s’oublier Roman De Olivier Adam, Flammarion, 264 pp. Prix 20 €
