Le dilemme de l’Eglise : se réformer ou disparaître
Anne Soupa ne sera pas archevêque mais son combat est essentiel…
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Publié le 22-01-2021 à 15h17 - Mis à jour le 22-01-2021 à 15h18
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Ce n’est pas la première fois que la théologienne, écrivaine et infatigable militante française catholique Anne Soupa "met les pieds dans le bénitier". À l’instar de Christine Pedotti avec laquelle elle a créé le "Comité de la Jupe" pour rappeler à la hiérarchie ecclésiale que les femmes devraient occuper une place égale à celle des hommes à tous les étages de l’Église, son combat est d’abord féministe (sans être révolutionnaire !). Il est aussi démocratique pour réclamer les mêmes droits pour les clercs et les laïcs à travers la Conférence des baptisé(e)s francophones qui plaide pour que les laïcs/laïques catholiques puissent faire (enfin) évoluer l’institution deux fois millénaire… sans être en permanence crossé(e)s au propre ou au figuré.
Ni partir, ni se taire
En mai dernier, le jour de l’Ascension, Anne Soupa secoua vivement l’Église de France et universelle en se portant candidate à l’archevêché de Lyon, vacant suite à la démission du cardinal Barbarin qui, comme d’autres collègues mitrés, aurait dû intervenir plus fermement contre certains prêtres abuseurs sexuels de longue date…
Un défi qu’elle savait évidemment non concrétisable dans les conditions actuelles mais Soupa ne se doutait pas qu’elle déclencherait un vaste débat dans le monde des croyants mais aussi non-catholique.
Cela valait d’être raconté mais aussi analysé. Plus que jamais, elle refit sienne la devise de la Conférence des baptisé(es) : "ni partir, ni se taire". Une voie d’autant plus à suivre que dans ce cas-ci, comme dans d’autres, la nonciature apostolique - l’ambassade du Vatican - resta désespérément muette alors que nombre d’évêques, tantôt vindicatifs, tantôt très gênés aux entournures, tantôt prêts à une petite ouverture, accrurent la cacophonie et le trouble semé par cette candidature impossible.
Anne Soupa resta calme. Mieux : elle y puisa une rare énergie pour énoncer les implications profondes de sa démarche. Et il en est issu un remarquable tour d’horizon de ce qui pourrait remettre l’Église, sinon au milieu du village, certainement à la place qui pourrait, voire devrait, être la sienne plutôt que de se claquemurer dans ses convictions de toujours, malgré tous les espoirs nés du pontificat de François… Et cela augure de fait de belles perspectives si l’Église acceptait d’ouvrir l’épiscopat aux laïcs et même aux non-pratiquants. Un livre qui devrait faire date d’une femme de foi qui entend développer sa citoyenneté au nom du catholicisme… Et un appel à la remobilisation d’une l’Église bien trop discrète en ces temps de pandémie…
Pour l’amour de Dieu Essai De Anne Soupa, Albin Michel, 223 pp. Prix 19,90 €, version numérique 15,99 €
