"Les Jours heureux": Adelaïde de Clermont-Tonnerre déçoit avec sa nouvelle saga
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- Publié le 01-06-2021 à 13h53
- Mis à jour le 02-06-2021 à 09h05
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En 2016, Adelaïde de Clermont-Tonnerre avait fait carton plein avec son roman Le Dernier des nôtres qui reçut à la fois le Grand prix du roman de l’Académie française et l’approbation du public puisqu’il se vendit à 300 000 exemplaires.
Dans son nouveau livre, Les Jours heureux, on retrouve sa capacité à raconter des histoires très romanesques et à entraîner le lecteur dans une multitude de lieux et de faits. Mais le souci est qu’on a de la peine à croire en ses personnages et à s’intéresser à leur sort.
Au centre du roman, très 2021, il y a Oscar, jeune homme de 29 ans, scénariste qui se cherche dans les séries télévisées. Il a toujours souffert (ou bénéficié ?) d’une admiration totale pour ses parents flamboyants et autocentrés : Edouard et Laure qui furent pendant des décennies des étoiles du cinéma européen comme réalisateur et scénariste.
Dès le début du roman, le drame pointe puisque Laure, cette mère si aimée, va mourir mais ne veut avouer sa maladie à personne sauf à son fils.
Poutine
On voyage alors du passé au présent, de Cannes à Hollywood, de la Grèce aux divorces et remariages des parents, dans un monde très people pour papier glacé. Oscar avoue sa fascination pour ce monde-là, à travers la - forcément - sublime Russe, Talya, beauté sur laquelle tout le monde se retourne, aux 15 millions d’abonnés sur Instagram. Elle devient sa maîtresse après avoir été celle de son père. "Ce qui m’attache à Talya, dit-il, réside peut-être là : dans son art d’éloigner du quotidien tout ce qui n’est pas beau, tout ce qui ne fait pas rêver."
Dans cette quête de soi que poursuit Oscar, on croise Aurélie, la "pure" face à la "sulfureuse" Talya, et qui prépare un film sur l’affaire Weinstein, mais on se balade aussi à Megève, du côté de Trump et des falsifications des élections et de Poutine qui transparaît en filigrane de la mystérieuse Talya.
Si l’histoire peut se lire vite, elle lasse car elle est faite de trop de clichés et de personnages prévisibles s’agitant dans un décor de monde contemporain avec l’Eros (les frasques sexuelles en ligne avec Talya) et Thanatos (la mort qui plane sur le couple des parents).
Le problème est que le scénario du roman est certes riche, mais ne creuse pas assez loin, non pas le mystère en soi (il y en a à revendre dans le roman) mais le mystère essentiel qui se niche dans les profondeurs singulières de chaque existence humaine.
- Adelaïde de Clermont-Tonnerre | Les Jours heureux | roman | Grasset | 440 pp., 22 €, version numérique 16 €
EXTRAIT "Dans ce milieu où les chaussures ont une importance primordiale, il faut toujours évaluer votre interlocuteur en commençant par le bas."